Colonel Mamadou Alpha Barry purge actuellement une peine de cinq ans d’emprisonnement dont un avec sursis pour vol aggravé. L’ex-porte-parole de la gendarmerie est accusé par Ibrahima Diallo, commerçant, d’avoir soustrait frauduleusement une forte somme d’argent de son véhicule. En plus du pourvoi en cassation, les avocats du colonel Barry ont introduit une requête aux fins de sursis à l’exécution contre l’arrêt n°59 du 2 juin 2021 de la Cour d’appel de Conakry. C’est cet arrêt qui le condamne à 5 ans d’emprisonnement dont avec un sursis et au paiement de 140 millions de francs guinéens au commerçant. Les avocats de la défense ne veulent pas que la décision soit exécutée alors même qu’ils se sont pourvus en cassation, au risque de voir certains biens de leur client saisis.
Les débats se sont ouverts ce 9 novembre devant la Cour suprême. Maître Salifou Béavogui a indiqué que son client a été victime de sa bonne foi : «Le colonel Barry est venu au secours de son oncle qui était arrêté, accusé par les services de la gendarmerie d’être un des financiers du FNDC. Il a été libéré avec l’appui du colonel, même s’il ne le reconnaît pas aujourd’hui. Monsieur Ibrahima Diallo a dit au colonel qu’il y avait beaucoup d’argent dans son véhicule, mais il n’y avait aucune preuve de l’existence de ces montants. C’est de bonne foi que notre client a reconnu une certaine somme. Et il avait pris les 9 000 dollars, parce que c’est une pratique à la gendarmerie de prendre les 10%. Mais il a restitué même ce montant. C’est pourquoi, nous contestons aujourd’hui l’exécution de cet arrêt. Rien ne justifie qu’il soit condamné à payer un tel montant.»
Faux, rétorque Me Mohamed Lamine Sylla, avocat de la partie civile : «Il n’y aura aucun préjudice si l’arrêt est exécuté. Pendant l’enquête, le colonel Mamadou Alpha Barry avait rendu 19 000 dollars, 300 francs suisse, 8 000 euros, 11 millions de francs guinéens. Et quand son domicile a été fouillé, 9 000 dollars y ont encore été retrouvés. Nous considérons que l’autre partie est en train de faire du dilatoire pour ne pas payer notre client. Aujourd’hui, ce denier souffre, son commerce est pratiquement bloqué.»
«Votre client n’avait jamais communiqué le montant exact qui se trouvait dans le véhicule», déclare le représentant du ministère public. «Mon client n’a jamais donné l’autorisation au colonel d’ouvrir son véhicule et de prendre son argent», rétorque l’avocat de la partie civile. Me Abdoulaye Kéïta de préciser que c’est «Ibrahima Diallo lui-même qui a autorisé notre client de prélever 9 000 dollars de cet argent. C’est lui-même qui a dit au colonel de prendre soin de son argent. Et le colonel a bien fait constater la somme d’argent qui se trouvait dans le véhicule par un huissier, devant le jeune frère du propriétaire.»
La partie civile n’a pas reconnu le constat d’huissier fait par le colonel Barry, elle a demandé à la Cour de rejeter la demande de la défense. Elle a été appuyée par le ministère public : «Colonel Barry est très connu, c’est regrettable qu’il n’ait pas pris les précautions nécessaires avant de toucher à l’argent. Rejetez purement et simplement cette demande ».
La Cour a renvoyé l’affaire au 23 novembre, pour décision être rendue.
Me Béa sollicite la grâce présidentielle pour le colonel Barry
A l’issue de l’audience, maître Saliou Béavogui a sollicité auprès du Président de la transition une grâce présidentielle pour son client : «Nous profitons de cette audience pour demander à monsieur le Chef de l’Etat, pour lui demander humblement d’accorder sa grâce présidentielle à ce vaillant gendarme. Nous le prions d’accepter de remettre notre client en liberté, parce que sa place n’est pas en prison. C’est quelqu’un qui a tout donné à la Guinée. Il a juste rendu service à quelqu’un qui s’est retourné contre lui.»
Yacine Diallo