Le 15 novembre à la Maison de la presse de Kipé, Asmaou Barry et Yamoussa Sidibé ont été
élus par les associations de presse pour représenter la corporation au futur CNT, Conseil
national de la transition. Ce 16 novembre, à la même Maison de la presse,
une coalition de syndicats de journalistes conduite par le SPPG, Syndicat des professionnels
de la presse privée de Guinée, a organisé une conférence de presse. Elle a dénoncé cette
élection qu’elle considère comme une injustice qu’elle ne cautionnera pas. En tant que
syndicat, la coalition réclame sa place au CNT aux côtés du patronat constitué des
associations de presse. Sékou Jamal Pendessa, le secrétaire général du SPPG, dénonce un
semblant d’élections qui a porté Asmaou Barry et Yamoussa Sidibé au CNT. « On n’a pas
perdu la bataille. On va aller jusqu’au bout, car il n’est pas question que le patronat parle au
nom du syndicat. L’accepter, c’est comme si la mouvance parle au nom de l’opposition ou
l’inverse. On n’a pas les mêmes intérêts. Les patrons de presse défendent leurs intérêts, le
syndicat défend les siens. En aucune manière ils n’auront le souci de défendre des travailleurs
au CNT. Certains pensent que le syndicat se batte pour de l’argent, des privilèges. Mais, cela
ne nous ressemble pas », explique Sékou Jamal Pendessa. Il estime que si le syndicat de la
presse échoue à s’installer au CNT, ce « sera fini pour nous ». La raison qui explique
« l’exclusion du syndicat par le patronat » est son vouloir de «nous empêcher de voter des lois
en faveur des travailleurs de presse, car ils veulent nous maintenir dans la position
d’exploitation de l’homme par l’homme. Cela ne peut pas continuer. C’est un complot monté
par les patrons de presse ». Sékou Jamal Pendessa suggère au ministre de l’Administration
du territoire et de la décentralisation, Mory Condé, de tout faire pour faire remplacer l’un des
deux élus du patronat par un membre du syndicat. Sidi Diallo, le président de l’AJIG,
Association des journalistes indépendants de Guinée, accuse les associations de presse de
toujours s’emparer des postes au détriment du syndicat. «Les mêmes associations sont à la
Haute autorité de la communication. Est-ce que la confraternité dont on parle ne voudrait pas
qu’on envoie cette fois-ci des représentants d’autres associations? Quand tu fais ton temps, il
faut laisser les autres faire le leur. Mais dans notre corporation, il y a des gens qui font leur
temps et font celui des autres. C’est un clan qui est en train de parler au nom de toute la
corporation, alors qu’il a trahi la presse guinéenne. Il a cautionné la violation de la Loi 002
sur la liberté de la presse au sujet de la composition de la HAC », peste-il.
Mamadou Diongassy Bah, le président du REJEGUI, Réseau des journalistes pour l’éducation
guinéenne, précise qu’ils ne sont pas contre quelqu’un et qu’ils ne doutent pas de la probité ou
des compétences d’Asmaou Barry ou de Yamoussa Sidibé. « Mais, il faut rendre à César ce
qui est à César. C’est une question de principe, parce que nous, journalistes, nous
représentons le baromètre de la société. Si, auparavant nous constations avec les politiciens
que nous sommes victimes de tout, et qu’entre nous encore on se donne des coups, c’est le
bon moment de nous réveiller pour dire halte à cette injustice ! », conclut-il.
Yaya Doumbouya