«Le CNT pour nous est l’organe législatif qui pourra décider du chronogramme, c’est-à-dire faire le point, le diagnostic, à savoir les .problèmes qu’on a, et comment trouver des remèdes à ces problèmes-là… parce que les problèmes sont connus, c’est la personnalisation de la chose publique. Nous, êtres humains, nous allons tous disparaître, mais c’est le système qui restera, c’est le pays qui va rester. D’où le CNT a pour mission de réécrire le texte, c’est-à-dire la Constitution. Une nouvelle Constitution, ça ne se sera plus une Constitution copiée-collée du pays. Nous allons mettre à plat tous nos problèmes et réécrire une Constitution adaptée aux problèmes de la Guinée pour trouver toutes les solutions nécessaires pour l’émergence de notre pays». Voilà la réponse que le Colonel-président a donnée à nos con(.)frères de RFI et France24  sur la durée de la transition en Guinée.

Plus le temps passe, plus les Guinéens qui ne sont pas encore convaincus par les déclarations du Doum-bouillant, deviennent de plus en plus nombreux. Tout simplement parce que les questions sur la durée de la transition sont esquivées ou driblées à la Maradona pour les mettre à la charge du futur Conseil national de la transition. Il n’y a plus l’ombre d’aucun doute, ce futur organe est la panacée du Colonel-président Mamadi Doum-bouillant.

Avant l’installation du CNT et qu’il produit le chronogramme, on connait déjà les prémices de la durée de la transition. Devant des bidasses et des pandores qu’il a nommés dans de hautes fonctions, le Colonel Mamadi Doum-bouillant a averti qu’aucun d’eux ne passera plus de trois ans à son poste. On peut déduire qu’il veut passer au minimum trois ans au Palais des Nations. C’est déjà une première orientation ou indication pour le futur CNT dont ses membres et son président seront nommés par lui. Donc, des personnes, comme le Colonel Doum-bouillant, qui voudront une longue transition à cause des privilèges dont ils bénéficieront.

Connaissant le Guinéen, c’est malin de la part de Mamadi Doum-bouillant d’appâter le CNT et faire de cette institution transitoire la panacée. On peut dire sans risque de se tromper que cette institution n’ira pas à l’encontre de l’agenda caché du patron de la junte. L’article 58, alinéa 2, de la Charte stipule : «Le mandat des Conseillers nationaux court à partir de leur nomination par le Président de la Transition et prend fin dès la mise en place de l’Assemblée nationale. Tout mandat impératif est nul». Ainsi, le CNT est un parfait bouc-émissaire pour une longue transition.

L’appétit venant en mangeant, après plus de deux mois au pouvoir, le Colonel Mamadi Doum-bouillant a sûrement des tentations. Le CNT qui sera composé de toutes les Forces vives de la nation est le tremplin pour assouvir cette tentation de faire durer la transition. C’est la logique des intérêts communs et pour le Colonel-président, et pour les membres du CNT qui ne pourront pas être candidat à quoi que ce soit au terme de cette transition.

Le futur président du CNT, le tournant !

L’article 64 de la Charte stipule : «Le Président et les Vice-présidents du Conseil national de la Transition sont des personnalités de nationalité guinéenne, de compétences reconnues et de grande probité, issues des forces vives de la nation. Ils sont nommés par décret du Président de la Transition». Le Colonel Mamadi Doum-bouillant est attendu à ce tournant décisif qu’est la nomination du président et ses vice-présidents du CNT. La marche forcée de l’ancien Prési Alpha Grimpeur vers le troisième mandat a révélé le vrai visage de beaucoup de personnalités guinéennes. Surtout les ambivalents. Les sans-convictions. C’est sûr que des structures ont désigné certains ambivalents pour leur représenter au CNT. Donc, si par pistonnage ou par lobbying de son entourage, Laye-M-a-dit venait à nommer des personnes de la catégorie des ambivalents ou des sans-convictions, la réaction ne tardera pas. Il suffit de voir les réactions sur les réseaux sociaux concernant certaines personnalités qui lorgneraient le perchoir du CNT. Si Laye-M’a-dit Doumbouya nomme de telle personnalité, ce sera sa première grande déconvenue. Parce qu’il sait que les Guinéens n’accepteront pas des soutiens apparents ou cachés ou des complices du projet de 3ème mandat soient à la tête du Conseil national de la Transition.

Cette période transitoire doit permettre à chaque Guinéen d’assumer les conséquences de ses choix. On connait qui est qui dans ce pays. Les auteurs de tous les maux contenus dans la première déclaration de la prise du pouvoir le 5 septembre dernier sont-là. Nombreux sont ceux qui ont déjà retourné leurs vestes, leurs verbes. Sans scrupule ni vergogne, ils sont les plus critiques du régime défunt. Que la transition trie le bon grain de l’ivraie.

Abdoulaye S. Camara