Les lampions se sont éteints ce 13 novembre 2021 sur les 26ème assises de la Conférence des Parties (Cop26) sur les changements climatiques, du 31 octobre au 12 novembre 2021, à Glasgow (Grande-Bretagne), avec une prolongation, le 13 novembre. Nous allons nous pencher tour à tour sur l’Accord de Paris (base conventionnelle), la Conférence elle-même comme cadre de négociations internationales sur le Climat et le Secrétariat de la Conférence (cadre institutionnel), les résultats issus de la Cop26 et enfin sur le rôle de la Guinée dans la lutte contre les changements climatiques.
L’Accord de Paris comme principal instrument conventionnel pour la gestion des changements climatiques
L’Accord de Paris sur le Climat est un instrument conventionnel adopté à Paris en 2015 et entré en vigueur le 4 novembre 2016. Son principal objectif est la limitation du réchauffement climatique au niveau de 2 degrés Celsius, avec une préférence de 1.5, par rapport au niveau préindustriel. C’est premier accord multilatéral contraignant sur les changements climatiques. Il fonctionne selon un cycle de 5 ans et chaque pays est tenu de soumettre ses contributions nationales déterminées (CND) qui constitue son plan d’action pour le climat. Les deux éléments essentiels des CND sont l’indication des mesures pour la réduction des émissions des gaz à effets de serre et celles pour l’adaptation aux effets des changements climatiques.
La Conférence des parties et le Secrétariat de la Conférence comme mécanisme institutionnel et dispositif de suivi pour les changements climatiques
La Conférence des parties (Cop) est l’arène de négociations internationales sur les changements climatiques. Elle est l’instance suprême regroupant tous les Etats et se tient de manière périodique chaque année dans un pays membre, comme c’est le cas cette année à Glasgow (Grande-Bretagne). Ces conférences internationales ont permis d’aboutir à divers accords comme l’Accord de Copenhague (2009), le Protocole de Kyoto (1997) et l’Accord de Paris (2015) ainsi que d’autres conventions sur le Climat comme la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques (1992) et d’autres. L’ensemble de ces négociations est chapeauté par le Secrétariat de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques basé à Bonn (Allemagne). Toute cette architecture constitue sans aucun doute le legs du Sommet de Rio (Brésil) de 1992 qui marque une prise de conscience de la communauté internationale sur les effets néfastes des changements climatiques et la nécessité d’adopter des mesures vigoureuses pour la protection de la planète Terre.
Les résultats de la Cop26 : Glasgow a-t-elle tenue ses promesses ?
D’âpres négociations à Glasgow, les Etats ont abouti aux résultats qui suivent : une timide mention des énergies fossiles, un renforcement des contributions nationales déterminées pour 2030 à déposer d’ici 2022, un accent explicite sur l’objectif de 1.5 degrés Celsius avant l’ère préindustriel et un regret sur la promesse non tenue des pays développés en terme de finance climat envers les pays en développement, pour l’atténuation de leurs empreintes climatiques et leur adaptation aux effets des changements climatiques,…
Il est loisible de dire que bien qu’insuffisant et timide, Glasgow 2021 peut être considéré comme un tournant majeur dans la lutte contre les changements climatiques avec la mention des énergies fossiles, entre autres. Il reste à espérer que les promesses seront tenues par les divers Etats pour une prise en compte efficiente de l’enjeu des changements climatiques et les mesures idoines pour y faire face.
Le rôle de la Guinée dans l’appréhension des changements climatiques
Glasgow aura été une belle vitrine pour la Guinée dans l’arène de la diplomatie climatique. En effet, la Guinée, en assurant la présidence tournante du Groupe des 77+la Chine en 2021, a porté la voix des pays du Sud à la Cop26 cette année. «[…] la République de Guinée appelle au soutien de la Communauté internationale pour faire face aux besoins urgents du réchauffement climatique et exprime sa solidarité aux préoccupations du G77+Chine dont elle assure la présidence […)», souligne la Ministre guinéenne de l’Environnement et du développement durable. Pour rappel, le Groupe des 77+la Chine est un regroupement de 134 pays majoritairement issus des pays du Sud constitué en groupe de défense des intérêts de ses membres ayant un poids qui pèse dans les négociations au sein de l’arène internationale, principalement dans le cadre des Nations Unies. Outre cette vitrine importante, la Guinée doit s’inscrire résolument dans la lutte contre les changements climatiques en renforçant ses actions dans les domaines suivants: fixation des contributions nationales déterminées (CND) et action pour les atteindre, stricte application du Code de l’environnement et du Code minier dans ses dispositions protectrices de l’environnement, imposition systématique de l’enquête sociétale et environnementale à tout projet de développement, protection de la biosphère des Mont-Nimba et mesures accrues en matière de reboisement,…
Il est minuit moins dix pour la lutte contre les changements climatiques en Guinée comme ailleurs dans le monde. Il est important que la Guinée puisse continuer de jouer sa partition dans ce concert mondial de protection efficiente du Climat. Il y va de l’intérêt de toute l’humanité.
Conakry, le 13 novembre 2021
-Juris Guineensis No 17.
Dr Thierno Souleymane BARRY,
Docteur en droit, Université Laval/Université de Sherbrooke (Canada)
Professeur de droit, Consultant et Avocat à la Cour