Dans la forme, je trouve la démarche injuste, illégale. Puisque nous voulons faire de la justice, la boussole de notre gouvernance, l’ancien Président de l’Assemblée nationale M. Amadou Damaro Camara aurait dû recevoir un préavis de 3 mois au moins, pour libérer les locaux. La violation de ce principe n’est pas l’apanage du CNRD.

L’on sait que la défunte gouvernance, avec la caution de Damaro, s’était illustrée dans la destruction des habitations de pauvres citoyens, sans préavis ni indemnisation, dans les quartiers de Kaporo-rails, Dar-Es-Salam et le long des routes de Conakry, Coyah et Dubréka.

Des pères de famille en sont morts, des familles ont été disloquées, d’autres ont quitté la capitale pour rentrer définitivement au bercail. M. Amadou Damaro Camara, élu du peuple et censé représenter les intérêts de celui-ci à l’hémicycle, n’a pas daigné s’impliquer pour assouplir la douleur des populations victimes, comme il sait bien le faire pour les siens.

L’on sait aussi, que M. Damaro est au nombre de ceux qui ont cautionné l’expropriation des immeubles d’un opérateur économique à Kindia, Sanoyah et Conakry. Cet opérateur économique avait pourtant un bail dûment signé avec les autorités. Il a fallu que ce brave et vieil opérateur économique affiche son opposition au 3ème mandat pour qu’il soit dépossédé de son patrimoine.

Le député Damaro a cautionné cette injustice, alors qu’en tant qu’élu du peuple, il pouvait user de son influence pour faire respecter la procédure, à défaut de plaider la cause de l’agent économique.

Pourtant, bien d’autres détenteurs de baux souvent illégaux, comme lui, sont nombreux en Guinée. Est-ce pour ces raisons, qu’il faille se réjouir de ce qui est arrivé à notre puissant ancien Président de l’Assemblée nationale ? Je réponds par la négative : Non ! En cela, j’ai un sentiment de pitié.

Mon sentiment de réconfort se justifie par le silence complice de l’homme (élu du peuple), devant le malheur et les injustices subies par des citoyens, du fait de la gouvernance qu’il a voulu éterniser becs et ongles. On a vu Damaro user de ses relations, en allant défier la justice au tribunal de Kankan et sortir de prison, ses parents qui ont commis des actes répréhensibles.

S’il avait engagé des démarches pour rétablir les déguerpis de Conakry, Coyah et Dubréka, tout le monde l’aurait applaudi.

Autres faits à reprocher à notre « super député » : ses propos moqueurs à l’endroit des anciens Premiers ministres qui, selon lui, auraient profité de leurs fonctions pour acquérir des bâtiments administratifs. C’est dommage de constater que le député qui fait de telles reproches à ses adversaires est dans une situation pire. Comment Damaro peut occuper un bâtiment administratif de 1980 à nos jours ? L’on sait qu’il n’était plus fonctionnaire depuis 1985.

L’on sait aussi qu’il s’était exilé aux États-Unis avec sa famille jusqu’en 2009. Durant tout ce temps, ce bâtiment de l’Etat est à son compte, pendant que des hauts cadres qui servent loyalement l’administration sont sans abris. Quel paradoxe!

En plus, comment Damaro a pu se taper un bail sur 60 ans ? C’est le cumul de toutes ces injustices cautionnées par lui, qui me «conforte» dans ce qui est arrivé à l’honorable élu du peuple : « vivre le malheur que vous avez sciemment fait subir aux autres ».

Le cas de la villa dite de Damaro dénote le manque de sérieux et la politisation de la Direction du Patrimoine bâti public.

Malgré tous ces reproches, je suis peiné par ce qu’il a subi. Une injustice ne se répare pas par une procédure illégale. Mais, à qui la faute ? C’est encore Damaro ! Il est la cause de ce qu’il est en train de subir.

Sa volonté manifeste de défier le CNRD et ses propos désobligeants, lors du fameux point de presse du RPG, sont la source de son malheur, comme le 3ème mandat est la source des malheurs du Président déchu Alpha Condé.

M. Damaro a voulu mettre le désordre dans le pays par son discours et ses menaces voilées à l’occasion de la conférence de presse. Il ne devrait pas le faire ! Dans d’autres pays, il serait en prison avec beaucoup d’autres, depuis le 5 septembre.

Je reste convaincu qu’il ne serait pas inquiété, s’il n’avait pas défié le CNRD lors du meeting voilé en conférence de presse.

Comme je l’ai écrit récemment, M. Damaro, les cadres du RPG et les dignitaires du régime Alpha Condé doivent faire preuve de retenue et de sagesse dans l’intérêt de tous.

Au CNRD, je demande de bien vouloir suivre la procédure qui sied, en accordant un préavis à Damaro et sa famille, en vue de libérer le bâtiment. Cette plaidoirie est valable pour tous les anciens dignitaires qui occupent des bâtiments de fonction.

S’il vous plaît, ne faites pas comme la gouvernance précédente.

Respectez la procédure en toutes circonstances pour donner le bel exemple, en matérialisant par les actes, le slogan : « La justice sera désormais la boussole de la gouvernance».

Que Dieu nous éclaire sur ce chemin, malgré les nombreuses injustices qui ont caractérisé notre société.

Ibrahima J. Kéïta