En Guinée, la valorisation du patrimoine historique pose problème. Généralement, ce sont les pays voisins qui le valorisent à notre place. Ce 16 novembre, dans l’émission les ‘’Grandes Gueules’’ d’Espace FM, le journaliste et historien, Amadou Diouldé Diallo, est revenu sur l’inexploitation et la non valorisation du patrimoine historique guinéen : « Il faut avoir le courage de dire que le patrimoine historique est une catastrophe nationale. Les élites ont démissionné, tout le monde est allé faire la politique pour se faire de la place et de l’argent. Le patrimoine historique doit être identifié et entretenu. Il doit être mené et porté par l’Etat ». Selon lui, la Guinée ne fait rien pour la valorisation de son patrimoine historique dans les autres pays de l’Afrique : « Le sabre d’El Hadj Oumar Tall a été récupéré par le Sénégal, alors qu’il n’a de lien avec le Sénégal que la naissance. Il a fait le reste de sa vie au Mali et en Guinée, il a fondé la ville de Dinguiraye. Je suis révolté de savoir que même ce qui doit nous revenir revient aux autres. Les villes de Kong, de Dabakala et de Samanguila en Côte d’Ivoire ont été conquises par l’Almamy Samory Touré. Dernièrement, c’est la Côte d’Ivoire qui a contacté l’UNESCO pour que les mosquées de Kong de style Soudanais soient mises au patrimoine mondial sur l’UNESCO. Il y a les résidences de l’Almamy Samory Touré dans ces villes, mais personne n’en parle parce que la Guinée ne fait rien. Au Gabon, sur l’île de Ndjolé, on a construit une guérite de nuit pour y mettre Almamy Samory Touré, enchaîné mains et pieds avant de le faire traverser le fleuve et l’installer sur l’île où il a trouvé la mort». Et l’historien d’ajouter : «Le général Lansana Conté était allé en visite officielle au Gabon, quand Oumar Bongo était au pouvoir, ils ont donné l’île à la Guinée, il y a le drapeau guinéen qui y flotte aux côtés de celui du Gabon. Personne n’y va jusque-là. Pourtant, c’est le lieu où l’Almamy Samory Touré a donné naissance à une fille appelé Gaboni Saran, grand-mère de Alpha Ousmane Diallo, ancien ministre de l’Urbanisme».

Amadou Diouldé Diallo déplore également l’abandon du patrimoine historique dans la région de Boké : « Au fortin de Boké, il y a les habits d’Alpha Yaya Diallo, personne ne s’en occupe. A Sogoboli, il y a les canons à l’entrée du village, vous voyez l’emplacement de la Case de Dinah Salifou et celui de son oncle Youla Tawel. Vous voyez également le Caveau familial et le débarcadère d’où il fut embarqué pour être déporté à Saint-Louis (Sénégal). Sur l’autre rive du Rio Nunez, il y a le port de Katougouma où on exploite la bauxite et on la transporte. A 15 minutes de pirogue, vous êtes au débarcadère sur la rive du côté de Sogoboli, mais aucune autorité à quelques niveau que ce soit, chargée de l’histoire, ne s’est rendue dans ce village ».

Baïlo Diallo