Le 9 novembre, l’ancien Premier ministre Ahmed Tidiane Souaré-bal-poussière a déclaré sur Espace FM avoir essayé de convaincre l’ex-Prési Alpha Grimpeur de renoncer à briguer un troisième mandat. En vain. «J’ai tout fait pour qu’il sorte par la grande porte, il n’a pas compris et il a forcé la situation. Les crises se sont accumulées, ainsi que les attitudes déviantes. Ce qui est arrivé est arrivé. Je lui ai expliqué, vu son parcours, sa qualité de Président de la République, président de l’Union africaine, qu’il devait tout faire pour sortir par la grande porte. Il m’a indiqué que ce n’était pas sa préoccupation», explique-t-il.
Ahmed Tidiane Souaré-bal-poussière, le dernier Premier ministre de Fory Coco, avait été nommé conseiller à la Présidence par Alpha Grimpeur. Une responsabilité qu’il n’a occupée que pendant deux ans avant d’être limogé « sans préavis ». Faute de compréhension entre les deux. Ahmed Tidiane Souaré-bal-poussière estime que c’est « l’ivresse du pouvoir et sa gestion autocratique » qui a entraîné le putsch du 5 septembre dernier mené par le Groupement des forces spéciales dirigées par le colonel Lay-M’a-dit Doumbouya. Comment l’ancien opposant, qui se faisait appeler Mandela et Obama de la Guinée, en est-il arrivé à vouloir mourir au pouvoir ? Ahmed Tidiane Souaré-bal-poussière donne une explication : « Il s’isole, il n’écoute plus personne. Il se croit être le propriétaire et du pays et de la population. Nous avons fourni tous les efforts, y compris avec des cadres du Rpg arc-en-ciel. On lui a adressé une note lui expliquant les dangers du changement constitutionnel et ceux liés à un troisième mandat. Sans succès ». Et l’invité des GG d’enfoncer le clou : « Il était presque dans une arrogance permanente au sommet de l’Etat. Cela a rendu pratiquement impossible les activités des partis politiques, les syndicats, la société civile et les leaders d’opinion. Tout le monde a tout fait pour lutter contre le troisième mandat, il y a eu des morts. Mais cela n’a pas découragé le Pr Alpha Condé. Un seul homme qui a pris tout le système en otage, y compris son parti ».
Reddition des comptes
Au lendemain du putsch du 5 septembre, la junte a saisi les dossiers de voyage des dignitaires du régime déchu, leurs véhicules de fonctions et gelé leurs comptes bancaires. Souaré-bal-poussière juge cela « normal ». Ce sont des mesures « conservatoires ». Pour lui, tout gestionnaire est appelé à rendre des comptes. « Quand un régime change, il faut faire l’état des lieux pour pouvoir continuer sur des bases sûres. C’est pour cette raison que mon gouvernement et moi étions prêtés à toutes les questions y afférentes. Bien sûr que le CNRD use d’une méthode douce-civilisée dans le traitement de ce passage très sensible entre le pouvoir déchu et l’actuel. C’est à saluer », souligne-t-il. Et de préciser qu’il n’est pas dit que les avoirs gelés seront reversés au Trésor public. « On gèle pour avoir le temps de décanter et pour consulter les structures appropriées afin d’examiner qu’est-ce qui appartient à qui et dans quelle condition. Je pense que ce sont des mesures utiles et salutaires. »
L’ancien PM de Fory Coco invite les dignitaires du régime déchu à observer le devoir de réserve. Il rappelle que lorsqu’on perd le pouvoir, le rapport de force change. « Lorsque que le CNRD a fait son opération, elle a rencontré l’assentiment de la quasi-totalité des Guinéens, civils et militaires. Cela doit donner à réfléchir à l’ancienne équipe, à se demander est-ce que ce qu’elle faisait était en adéquation avec les attentes des Guinéens. Quand vous voyez un élan comme cela, il est inutile de chercher à jouer aux petits héros ». Le pouvoir aveugle, non ?
Yaya Doumbouya