Depuis le renversement du pouvoir Grimpeur par le Groupement des Forces Spéciales, à sa tête le colonel Mamadi Doum-bouillant, le 5 septembre dernier, dame Doussou Condé, militante du RPG Arc-en-ciel, observait le silence. Ce mercredi 10 novembre, elle est finalement sortie de sa réserve. Dans l’émission Mirador sur FIM FM, cette nounou qui a été l’une des premières militantes du régime déchu a déclaré n’avoir pas été surprise par la chute de son ancien mentor. « Il faut reconnaître que le putsch du 5 septembre nous a sauvés. J’observais, j’avais peur de me prononcer surtout quand j’apprenais les quatre derniers mois que le président était même coupé de son gouvernement. Depuis le troisième mandat jusqu’à sa chute, l’Etat était isolé, rien ne fonctionnait. Donc ce n’est pas une surprise, ceux qui m’écoutaient le savent : je ne donnais pas longtemps à ce régime. Ça ne marchait plus mais tout le monde s’est tu et a observé, même les institutions internationales ».

De poursuivre « ce qui arrive à M. Alpha Condé n’est pas un problème de sort. C’est une première, un coup d’Etat en Afrique sans l’armée. L’armée n’était pas impliquée parce qu’elle n’avait plus rien, elle était dans son coin. Ce sont les Forces spéciales, la branche armée du régime d’Alpha Condé pour le troisième mandat, qui était à la manœuvre. Si sa branche le dépose, ce n’est pas un crime ».

Ainsi, former le colonel Doumbouya est le plus grand mérite qu’Alpha grimpeur  ait eu, s’est réjouie l’invitée. « Je le remercie infiniment. Il a cru en Mamadi Doumbouya qu’il prenait comme son fils. Je ne l’ai jamais entendu parler de son fils mais je le voyais rire à trente-deux dents en évoquant son nom. Ça m’impressionnait. J’ai mentionné lors de ma dernière interview qu’Alpha Condé sera le premier ancien président vivant de notre pays, pour beaucoup de raisons. Mais vu la façon dont M. Condé lui portait dans son cœur, ça m’a quand-même surpris que ce soit lui qui puisse l’arrêter. Jusqu’à maintenant, je suis surprise et ébahie ».

Quid des victimes tombées le 5 septembre ?

Dame Doussou est malgré tout déçue du CNRD, à cause des circonstances non encore élucidées du renversement du président déchu. « Deux mois qu’ils sont au pouvoir qui connait les membres du CNRD ? C’est le début de leur défaite. Concernant les morts, le colonel Mamadi Doumbouya exhibe les sept victimes de son côté sans parler des victimes de l’autre camp. Pourtant, ce sont aussi des Guinéens. Mais il n’en fait pas cas, alors qu’il a même évacué des blessés au Maroc pour des soins. Selon des informations, il n’y a pas eu de morts qu’à la présidence, il y en a également eu au camp Camayenne et au camp Makambo. C’est aux Forces spéciales de nous dire où sont passés tous ces corps. Je ne dirai pas le nombre exact, mais c’est affreux. Est-ce que les familles sont informées ? Est-ce qu’un pays peut se développer comme ça? Dites au colonel Mamadi Doumbouya de contacter les familles de ces victimes. Ils sont allés au Camp Boiro, au cimetière de Bambéto, au Stade du 28 septembre, ils ont réhabilité tonton Kaman Diaby et autres… Quand eux-mêmes ont des nouveaux corps dont personne ne connait la suite ».

De la médiation de Mohamed Ibn Chambas

Dame Doussou dit être choquée que ce soit Mohamed Ibn Chambas qui revienne pour négocier la libération de l’ancien président qui d’ailleurs était son ami. « Où est le sérieux quand c’est le même qui défilait en longueur de journée à Conakry pendant que des innocents tombaient, pendant que le FNDC manifestait, enterrait les morts ? Il a fait quoi ce Chambas ? Regarder au Mali comment ils sont en train de les mettre au pas là-bas. Certes, c’est un peu différent du cas guinéen parce que si l’armée ne fait pas l’unanimité autour des Forces spéciales, ce serait compliqué. A mon avis, la CEDEAO n’a pas à nous imposer quoi que ce soit, tant que le colonel Mamadi Doumbouya gère les choses dans la transparence, à commencer par faire la lumière sur les cas de morts enregistrés lors du putsch ».

Kadiatou Diallo