L’Association des victimes du camp Boiro, AVCB, a tenu une conférence de presse le 3 novembre à la Maison commune des journalistes, sise à Kipé, commune de Ratoma. Pour rendre hommage aux militaires victimes du régime de Sékou Touré. La rencontre est la suite de la fête de l’armée guinéenne célébrée le 1er novembre.
Boubacar Barry, ancien ministre de l’Elevage, de la Pêche et de l’Aquaculture, ancien président de l’Association et membre du comité des sages a, d’entrée de jeu, souligné que «les formes d’exaction les plus cruelles ont été observées dans un pays en majorité croyant. On mettait les gens à la diète noire, c’est-à-dire qu’on privait les gens de nourriture et d’eau jusqu’à la mort. Certains ont été ensevelis vivants. Il y a des fosses communes partout sur le territoire. Des Guinéens ont été nuitamment arrêtés, torturés pour leur extorquer des aveux, d’autres ont été assassinés. Il y avait des camps militaires où on incarcérait les gens, c’est dans ces parages qu’on les exécutait et les mettait dans les fosses communes. » Boubacar Barry dit qu’il rappelle ces faits « horribles » pour « permettre à chacun de se remettre en question ».
Poursuivant son intervention, il a flétrit l’impunité qui a entouré ces exactions et encouragé que justice soit rendue. «Si on ne traite pas ces questions douloureuses, elles vont se répéter. Malheureusement, nous n’avons pas encore été entendus, ce qui fait que l’impunité et les exactions continuent. Il est de la responsabilité de l’Etat de régler les situations dans les règles de l’art. Si quelqu’un est accusé, il bénéficie de la présomption d’innocence. Il doit d’abord être interpellé dans les règles de l’art et bénéficier d’un procès équitable». Et d’inviter l’Etat à agir : « Il faut que l’Etat prenne ses responsabilités, parce que tout ce retard est dû à un manque de volonté politique. Le Général Lansana Conté a eu peur de réveiller le dossier, parce qu’il était l’un des exécutants. Moussa Dadis Camara et Sékouba Konaté demandaient de pardonner. Mais, c’est trop facile. Il faudrait poser des actes avant le pardon. Le président Alpha Condé a initié le processus de réconciliation nationale et a confié le projet aux religieux qui ont fait un travail remarquable… Mais le rapport final est inexploité jusqu’à présent. Nous souhaitons que les nouvelles autorités essayent de s’approprier du dossier, afin de panser les plaies et tourner la page».
Rappelons qu’à l’occasion de l’an 63 de l’armée guinéenne le lundi 1er novembre 2021, le Comité national du rassemblement pour le développement, CNRD, a inauguré une stèle à Kindiadi (Dubréka) aux pieds du mont Kakoulima, où reposent colonel Kaman Diaby, ancien chef d’état-major adjoint interarmées, Diawadou Barry, ancien ministre et Fodéba Keïta, ancien ministre. Histoire de rendre hommage à ces compagnons de l’indépendance fusillés par la milice de Sékou Touré le 27 mai 1969. Les victimes avaient, auparavant, été obligés de creuser leurs propres tombes.
La délégation du CNRD qui s’est rendu aux pieds du mont Kakoulima était composée de l’actuel ministre délégué à la Défense nationale, le général mis récemment à la retraite, Aboubacar Sidiki Camara, alias Idi Amin, accompagné des ministres de la Sécurité et de la Protection civile, Bachir Diallo, de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé, le Haut commandant de la gendarmerie nationale, colonel Balla Samoura, entre autres.
Baïlo Diallo