La juge de la Cour d’Appel, Fatou Bangoura, a finalement décidé de mettre en liberté Younoussa «Le Bon» Sylla, Amara Bangoura et Hawa Sylla «Eva». Elle a ordonné la levée des mandats de dépôt contre l’ancien préfet de Dubréka et le DG de la société Eva Pêche. Elle a également levé le mandat d’arrêt décerné en première instance contre dame Hawa « Eva » Kaltamba. Les prévenus rejoignent leurs domiciles respectifs, trois semaines après leur condamnation en première instance.

Mais avant, la Cour a entendu «Le Bon» sur le rôle qu’il a joué dans cette affaire. L’ex préfet a nié toutes les accusations articulées contre sa personne : «Je ne sais pas comment la concession a été attribuée à Binai Pêche. Je ne sais pas comment Eva Pêche s’est retrouvé là-dedans ». Selon lui, cette histoire du port de Copèrè se gérait directement au mystère des Pêches et de l’Economie maritime (Frédéric Loua-ancien ministre des Pêches, ndlr-a envoyé une mission dans ce port en 2018). A son retour à Conakry, il a annulé la concession attribuée à Binai. Il leur a interdit de débarquer le poisson dans ce port. Il leur a été dit de débarquer le poisson  à Dubréka-ville. Entre temps, la société Eva est venue avec tous les dossiers, moi, je n’ai jamais posé un acte administratif dans ce dossier. Je me demande comment, je m’y suis retrouvé ».

Il a néanmoins reconnu avoir reçu une barque de la part de Binai Pêche en guise de cadeau au moment de l’installation de la société, mais il a nié avoir touché de l’argent dans cette affaire : «Alors est-ce qu’il est permis à un préfet de favoriser une société au détriment d’une autre? », lui demande l’avocat de la partie civile : «Demandez à la société Eva si elle a bénéficié d’un acte administratif de ma part», répond «Le Bon» Sylla.

«Les imams du Km36, de la grande mosquée de Dubréka et les sages vous ont pourtant dissuadé de retirer le port des mains de Binai», enchaîne l’avocat. «Le Bon» de répondre : «Avant même que ces gens ne viennent à mon bureau, la société Binai avait déjà fui. Je n’ai jamais empêché la société de débarquer le poisson au port de Copèrè ». Me Salifou Béavogui de lui rappeler qu’il a avait pourtant reconnu l’avoir fait sur instruction du ministre des Pêches.

Le procès est renvoyé au 15 décembre prochain, pour la suite des débats.

Yacine Diallo