Dans la soirée du 3 décembre, le ministère en charge du Commerce a publié un communiqué annonçant l’augmentation du prix du pain. Cette décision est liée à l’augmentation du prix de la farine consécutive à la flambée des cours du blé sur les marchés internationaux. Ainsi, la baguette double du pain passe de 4 000 GNF à 4 500 GNF et la baguette simple de 2 000 GNF à 2 250 GNF, soit une augmentation de 12,5%.
Vendeurs, consommateurs et boulangers déplorent l’augmentation du prix du pain à cette période de crise économique dans notre pays. Certains consommateurs indiquent que le prix fixé dans le communiqué n’est pas respecté par endroit. Une baguette double est vendu 5 000 au lieu 4 500 GNF et 2 500 au lieu de 2 250 GNF.
Rencontré ce 6 décembre à Petit Simbaya, Aminata Baldé vendeuse de pain se lamente : «Nous ne sommes pas contentes de l’augmentation du prix du pain, nous voudrions que le prix baisse, pas le contraire. Quand nous avons plusieurs enfants, un seul pain ne pas nous suffire, maintenant si le pain est à 4 500 GNF, cela augmente nos charges. D’habitude nous achetions un pain et demi à 6 000 GNF, cela n’est plus le cas».
Par ailleurs, elle regrette la rareté de la clientèle : « Le marché ne connait plus son engouement habituel. Les clients achètent 2 pains au lieu de 3 ou 1 pain au lieu de 2. Nous voulons que l’Etat fournisse des efforts pour diminuer le prix des denrées de première nécessité. Nous pouvons faire des mois sans acheter des habits mais pas autant sans acheter de la nourriture ».
Alpha Yaya Diallo, gérant d’un Bar Café à Cosa, dit être impacté par l’augmentation du prix du pain : « Nous vivons dans une situation difficile à cause de la cherté du marché. Après cette augmentation, nous ne pouvons pas augmenter le prix du Sandwich et de l’Omelette au risque de perdre nos clients. Je préfère supporter l’augmentation que de perdre les clients qui se font rares ».
Kadiatou Barry, consommatrice à Conteyah, s’inquiète: « Nous mères de famille sommes inquiètes. Quand on a 5 ou 6 enfants à nourrir alors qu’un pain est à 4 500 GNF, cela est alarment. Au marché, certains vendent la baguette double à 5 000 GNF au lieu de 4 500 GNF et 2 500 la baguette simple au lieu de 2 250 GNF. Ainsi, il faut 15 000 GNF pour trois pains, cela est onéreux. Le pain est l’un des aliments les plus consommés en Guinée, il faut que l’Etat prenne ses dispositions ».
Alpha Amadou Bah, boulanger à Conteyah, travaille pour conserver la clientèle dans l’espoir de baisser le prix dans un délai proche : « L’augmentation de la farine s’ajoute à la cherté du marché. Depuis cela, les clients se font rares, certains disent que les temps sont durs et préfèrent acheter du riz pour le petit-déjeuner. Actuellement nous travaillons dur mais gagnons peu à cause de la cherté du marché et le manque de clients».
Le ministre du Commerce Bernard Goumou rassure: «Nous avons eu un accord avec l’association des consommateurs et celle des boulangers avant l’augmentation du prix de pain. L’Etat continue de subventionner le blé qui n’est pas produit en Guinée. Son prix a grimpé à l’échelle internationale. C’est pourquoi cette hausse du prix du pain. L’Etat dédouane le prix du blé à 60 dollars au cordon douanier. Aujourd’hui le prix du blé est passé de 330 à 430 USD. L’Etat renonce à ces taxes pour que le prix du pain ne soit pas exagérément augmenté. Quand vous subventionnez un produit aussi consommé par les pays limitrophes à un certain prix, c’est l’Etat qui perd, parce que ces produits vont traverser les frontières et c’est les autres pays qui en bénéficient. L’Etat a fait beaucoup d’efforts pour que l’augmentation du prix du pain se limite à 500 GNF».
Si le ministre du Commerce a dit qu’ils ont conclu un accord avec l’association des consommateurs, M’bany Sidibé, président de l’Union pour la défense des consommateurs de Guinée a rejeté cela : «Nous sommes au regret de constater que le ministre du Commerce n’est pas en train de prendre des mesures allant dans le sens du conseil des ministres, qui avait clairement dit que le ministre du Commerce devrait ouvrir des consultations dans le cadre d’une subvention afin de stabiliser le prix du pain. Nous sommes surpris d’assister à une augmentation sans le respect du droit des consommateurs». Selon lui, les consommateurs ne sont pas prêts à accepter cette augmentation du prix du pain : «Nous ne pouvons pas cautionner ce genre de pratique dans notre pays. Nous avons pensé qu’avec la transition, on allait reformer le secteur du Commerce et faire de telle sorte que la réglementation du prix soit une priorité. Quand vous voulez fixer le prix d’un produit, le premier élément à examiner c’est le poids. Si les industries locales n’arrivent pas à stabiliser le marché de la farine, on pensait que le ministre allait casser la situation de monopole».
M’Bany Sidibé a annoncé que dans un bref délai, sa structure va saisir le gouvernement pour l’annulation de la décision.
Baïlo Diallo