Condamnés le 8 novembre à cinq ans d’emprisonnement, au paiement de 10 milliards de francs glissants à titre de dommages et intérêts et à la saisie de tous leurs biens par le TPI de Dubréka, Younoussa Sylla «Le Bon», ancien préfet de ladite ville, Hawa Sylla «Eva», ex dépitée RPG arc-en-ciel et Amara Bangoura, DG de la société Eva Pêche, avaient interjeté appel. Leur nouveau procès  a démarré ce 1er décembre à la Cour d’appel de Cona-cris.

Younoussa Sylla «Le Bon» et Amara Bangoura  se sont présentés à la Cour d’appel ce mercredi matin. Hawa Sylla «Eva», en fuite selon la justice de Dubréka et la partie civile, «gravement malade et hospitalisée» au moment de la décision, selon son avocat, est également présente : une minerve au cou et accompagnée d’une infirmière. Ils répondent des accusations de «discrimination, d’abus d’autorité, de vol et de complicité » au détriment de la société  Binaï Pêche. En première instance, ils avaient écopé de cinq ans d’emprisonnement, un mandat d’arrêt contre dame Hawa Sylla «Eva» absente lors du procès. Maître  Dinah Sampil, avocat d’Eva Kaltamba, qualifie la condamnation de «négativement préméditée pour nuire à nos clients». La défense conteste l’acte de concession de l’espace, où le débarcadère est construit, entre la société Binaï Pêche et le ministère de la Justice. Elle pointe également une «violation littérale de la concession » par Binaï Pêche. L’avocat assure que l’acte de concession avait été rapporté par le ministère de la Pêche et soulève la nullité des actes d’autorisation. «Le certificat foncier, l’autorisation de construire…ont des problèmes. Et le plus grave dans ce dossier, c’est l’application erronée des dispositions du Code pénal et du Code de procédure pénale», dénonce-t-il.

La partie civile relève de son côté appel parce qu’elle juge dérisoire le montant de la réparation fixé en première instance: «Le dommage subi par ma cliente est grand. Nous avions demandé 50 milliards de francs guinéens»,  déclare Me Salifou Béavogui.

Avant même l’ouverture des débats au fond, les avocats de la défense ont demandé à la Cour d’appel d’ordonner la mise en liberté de leurs clients : «Nous vous offrons, à titre de garantie, deux titres fonciers. Nous garantissons que nos clients se présenteront normalement au procès. Ils ont leurs familles ici, ils n’ont aucun intérêt à fuir. D’ailleurs ils sont très malades», rassure Me Santiba Kouyaté.

Garantie insuffisante aux yeux de la partie civile : « J’ai l’impression que ce procès n’est organisé que pour libérer les prévenus. Nous commençons à avoir des appréhensions. Leurs clients n’ont même pas parlé, ils demandent leur libération. Maintenez les en détention jusqu’à la fin de débats. Mais je suis presque sûr que le ministère public va abonder dans le même sens que la défense », attaque Me Salifou Béavogui. L’intervention du procureur confirme les prévisions de l’avocat : «Quel intérêt  vais-je tirer de voir ces gens malades en détention ? Ne dit-on pas que c’est la liberté qui est la règle, la détention, l’exception ? Nous sommes étonnés de voir la partie civile qui se réclamait, dans un passé récent, défenseur des libertés, se battre pour envoyer d’autres en prison».

Quand nous écrivions cette dépêche, l’audience était suspendue. La juge se prononcera sur la demande de mise en liberté après la pause.

Yacine Diallo