Ces 13 dernières années, les violations des droits humains se sont multipliées en Guinée. De la confiscation des libertés individuelles et collectives aux tueries lors de mouvements de contestations, les exemples ne manquent pas.
Maitre Kpana Emanuel Bamba, président de la League guinéenne des droits de l’Homme (Liguidho), lui préfère parler des droits dont on ne parle pas souvent à l’occasion de la Journée internationale des droits humains. Pour lui, la violation des droits humains ne peut être résumée qu’aux répressions violentes ou autres restrictions de liberté. Il signale qu’il y a des droits, malgré leur consécration dans les textes législatifs nationaux et internationaux, les citoyens ne les jouissent pas. C’est par exemple le droit au logement : «Ce droit est bafoué tant à travers les expulsions arbitraires que nous avons connues ces derniers temps en Guinée, que la cherté du loyer qui constitue l’un des facteurs qui exacerbe la violation du droit au logement.»
Ensuite, le droit à l’eau potable n’est pas effectif pour toute la population guinéenne. «Même à Conakry la capitale, il y a des quartiers qui ne sont pas desservis en eau, à plus forte raison les villages à l’intérieur du pays. De ce fait, les citoyens n’ont pas accès à l’eau en qualité et en quantité. »
Il pointe aussi le non-respect du droit à un environnement sain. «Dans les zones minières, les citoyens sont envahis par l’exploitation des mines qui détruit leur environnement et compromet leur droit à la santé. A cela s’ajoutent les détournements de deniers publics. Alors que le peuple a un droit imprescriptible sur ses richesses. Autrement dit, le sous-sol doit être exploité dans l’intérêt des populations.»
Après avoir égrainé ces droits en souffrance, il dit souhaiter vivement que les autorités de la transition mettent l’accent dans la lutte contre l’impunité. «Il faut lutter contre les crimes économiques pour que le peuple de Guinée soit rétabli dans son droit au bien-être économique et social. Bien entendu, je n’omets pas les crimes de sang qui ont été perpétrés, contre lesquels, il faut mener une lutte implacable, afin que les victimes soient rétablies dans leur dignité.»
Diaraye Diallo, activiste des droits humains chez Amnesty international, ne passe par le dos de la cuillère. Pour elle, il faut que justice soit rendue pour les violations antérieures et qu’ensuite les nouvelles autorités évitent toutes situations qui favoriseraient la violation des droits humains. «Depuis le changement de régime, c’est une nouvelle ère qui s’est ouvert avec les discours des nouvelles autorités qui suscitent de l’espoir. En tant que défenseurs des droits humains, on observe les actes qui seront posés. Le Président de la Transition a dit que la justice sera la boussole qui guidera chaque citoyen. » Dans l’espoir que cette phrase ne reste pas qu’un discours, mais qu’elle se traduira par des actes concrets, elle rappelle qu’il y a de nombreuses plaintes pendantes devant les juridictions du pays. « Il faut qu’il y ait des jugements pour que les responsabilités soient situées sur les violations des droits humains que la Guinée a connues ces dernières années. Il y a des victimes qui attendent que justice leur soit rendue.»
Asmaou Barry