Inutile de dire que la CEDEAO, Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest et les autorités du CNRD (Comité national du Rassemblement pour le développement, sont à couteaux tirés autour de la durée de la transition. L’organisation a proposé six mois, la junte préfère renvoyer la question aux « Forces vives de la nation » (selon la Charte du CNRD). L’ACT, Alliance citoyenne pour la Transition, a fait part de sa position. Dans une note de plaidoyer qu’elle a publiée ce mercredi, 29 décembre, cette alliance propose 24 mois, soit deux ans, pour la durée de la Transition, pilotée par le Colonel Mamadi Doum-bouillant. L’annonce a été faite dans un point de l’Alliance ce mercredi, 29 décembre. Et c’est « possible », affirme l’ACT.

Selon l’Alliance, les dix premiers mois seront dédiés à la mise en place des organes de la Transition, l’élaboration du projet de constitution et son adoption, les réformes  électorales et l’enrôlement des électeurs. Les six derniers mois seront consacrés à l’organisation des élections communales et communautaires, suivies du couplage des législatives et de la présidentielle. Elle a proposé, dans deux tableaux, le chronogramme de ces activités, selon le doc de plaidoyer ci-dessous.

Leurs arguments ? «Les Guinéens ont été traumatisés par des années de mauvaise gouvernance, de violation des droits de l’Homme et de dégradation de leurs conditions de vie. Ils ne résument pas la Transition au retour à l’ordre constitutionnel, ils veulent que la transition serve à jeter les bases d’une véritable démocratie, d’un Etat de droit et d’un développement durable qui profite à tous. En plus des élections, les réformes de l’administration, de la justice, de la gestion de l’économie et des finances sont nécessaires», a déclaré Bangaly Minatagbè Cas-marrant, membre de la thématique liée au plaidoyer et à communication de l’ACT.

Des Guinéens estiment aussi que les «leçons du passé et l’expérience des précédentes transitions peuvent aider à réduire le temps de la transition actuelle. La Guinée n’est pas à sa première constitution, ni à ses premières lois électorales ni à ses premières élections locales et nationales. Malgré toutes les péripéties de la transition, en l’espace de deux ans (décembre 2008 – décembre 2010) une nouvelle constitution et les lois électorales ont été élaborées, la CENI a été mise en place, l’élection présidentielle à deux tours a eu lieu et le Président élu est entré en fonction.»

Puisque donc, les autorités du CNRD « se sont abstenues de fixer elles-mêmes la durée de la transition, préférant renvoyer la question aux « Forces vives de la nation » conformément à la Charte, l’ACT, elle, propose donc deux ans aux parties.

L’ACT fait remarquer que « la CEDEAO ne saurait ignorer l’opinion du peuple de Guinée sur la question de la durée de la transition au risque de trahir son slogan : «D’une CEDEAO des Etats à une CEDEAO des peuples ». L’alliance sous-entend que l’absence d’un chronogramme pourrait causer à la Guinée des ennuis, au-delà de sa « suspension des instances de décision des organisations régionales et internationales, des sanctions économiques et financières sont à craindre de la part des partenaires techniques et financiers.» Mais elle nuance : «On constate cependant que les exigences de la CEDEAO varient d’un pays à un autre : 6 mois de transition en Guinée, 18 mois au Mali. Il n’y a donc pas de norme absolue en la matière. Chaque pays a ses réalités dont il faut tenir compte pour ne pas compromettre les efforts pour un retour à l’ordre constitutionnel. La communauté internationale en est consciente et il n’est pas exclu qu’elle s’accorde avec les autorités de la Transition sur une période au-delà de 6 mois, si celle-ci évolue dans le bon sens», plaide l’ACT.

Selon l’ACT, le doc a été déposé ce jour même, au Président de la Transition, à la Primature, à la Représentation résidente de la CEDEAO, à la Délégation de l’Union européenne, à l’Ambassade France en Guinée ainsi qu’à l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique en Guinée.

Par ailleurs, ces activistes de la Société civile estiment toute la période  de Transition peut être mise à profit, pour poursuivre les actions prioritaires de développement, les réformes administratives et les audits.

Pour une transition réussie en Guinée, les plateformes, réseaux et organisations de la société civile guinéenne évoluant sur les questions de démocratie, de bonne gouvernance et des droits humains), qui composent l’ACT, s’engagent à unir leurs efforts.

Cette alliance a bénéficié de l’appui de OSIWA, Open Society Initiative for West Africa. L’ACT se dit déterminée à participer au débat sur la conduite de la Transition, à veiller « scrupuleusement » au respect des textes qui régissent celle-ci, à s’assurer de la mise en place des organes de la transition, à faire des propositions dans le cadre des réformes électorales, à participer à l’observation citoyenne des élections. Excusez du peu !

Yaya Doumbouya

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