La situation du mouvement syndical guinéen ne s’arrange toujours pas. Au contraire, plus les jours passent, plus il s’émiette. Une illustration parfaite ? La crise qui couve au sein de la FESABAG (Fédération syndicale autonome des banques et assurances et microfinances de Guinée).
Pour le Guinéen lambda, les querelles intestines au sein du mouvement syndical n’étaient entretenues que par l’Albagouvernance. Voilà qu’Alpha Grimpeur est entre quatre murs, les pontes de son régime débarquées, mais les syndigâleux, eux, continuent à se combattre pour des petits privilèges. Après le bicéphalisme au SLECG (syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée), à l’USTG (Union syndicale des travailleurs de Guinée) et leur corolaire judiciaire, la tension est montée d’un cran au sein de la FESABAG.
Abdoulaye Sow, déjà englué dans une crise avec l’une des factions de l’USTG, voit sa réélection, la semaine dernière à la tête de la FESABAG, contestée par quelques-uns de ses anciens camarades : « Abdoulaye Sow nous a exclus de la FESABAG, nous avons porté l’affaire en justice. Nous avons gagné en première instance et à la Cour d’appel. Nous avons demandé à Sow de nous réintroduire à la FESABAG. Voyant les choses venir, il a anticipé en organisant, en catimini, avec ses amis, un congrès qui n’est qu’un coup de force. Son mandat n’était même pas arrivé à terme, il finit le 14 décembre 2021. Le congrès, c’est après l’expiration du mandat. Mais il a anticipé, parce qu’il savait qu’on devait revenir », dénonce Marie Ivonne Koumboussa, ancienne secrétaire générale adjointe de la FESABAG, chez nos confrères de FIM FM. Elle accuse Abdoulaye Sow de faire de la centrale syndicale une chose personnelle : « La vraie FEABAG est toujours membre de l’USTG, c’est elle d’ailleurs qui a engendré l’USTG avec feu Ibrahima Fofana. C’est notre bébé. Sow est devenu un président directeur général de la FESABAG. Pour lui, la FESABAG, est comme une entreprise privée maintenant (…) alors qu’il a trahi le syndicat. Il s’est servi des enseignants ».
Marie Ivonne Koumbassa appelle à un renouvellement générationnel au sein du mouvement syndical : « Les anciens refusent de former les jeunes, à commencer par moi-même, parce que j’ai fait 23 ans de mouvement syndical, on doit nous balayer, parce qu’on est égoïstes. Nous ne sommes même pas capables de dénoncer. Le mouvement syndical guinéen est pourri ». C’est tout dire. Mme Koumbassa n’exclut pas d’organiser, avec d’autres membres de la FESABAG, un nouveau congrès.
Abdoulaye Sow et son camp ne reconnaissent non seulement pas Marie Ivonne et son groupe, mais ils se refusent à tout commentaire quant à un éventuel congrès. Et vive la crise !
Yacine Diallo