Le 24 décembre, les travailleurs de la minoterie Grands Moulins d’Afrique, sise à Sonfonia, étaient en colère. Nombreux, ils ont manifesté devant l’entrée principale du complexe industriel avec des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «On travaille pour acheter un mouton, on ne travaille pas pour être des moutons ! Nous voulons un syndicat». Ils exigent la fin de la sous-traitance, une augmentation de leur salaire, la mise en place d’un syndicat, le départ du dirlo général ainsi que celui des ressources humaines. Sur les lieux, trois teufs-teufs de pandores montent la garde. Aucune accroche.
« Nous sommes là pour nous faire entendre, réclamer nos droits. On est en grève depuis le 24 septembre, mais les responsables de l’usine n’ont pas voulu régler nos problèmes. On s’est rendu compte que si on ne passe pas par une manifestation, nous n’allons rien obtenir. Abdoul Sonoco, le fils du PDG est venu pour la négociation avec le collectif des travailleurs. Nous exigeons une augmentation de salaire d’au moins cinq millions et une amélioration de nos conditions de travail. Actuellement, il y a beaucoup de travailleurs qui sont payés à 900 000 Gnf, alors que l’usine tourne 24h/24. On travaille de 7h à 15heures, de 15h à 23heures et de 23h à 7heures. Il y a rien, pas de soutien, je vous assure. Je suis là depuis cinq ans, jusqu’à présent, je ne suis pas employé », dénonce Naby Cas-marrant.
Oury Baïllo, lui, dénonce la sous-traitance à outrance à laquelle ils sont soumis depuis des années. « Nous n’avons vraiment pas la paix du cœur, nous n’avons que des difficultés. Nous exprimons aux responsables de l’usine que nous ne sommes pas contents, car ce que l’on gagne ne couvre pas nos besoins essentiels alors que nous ne travaillons nulle part qu’ici», ajoute-t-il.
« Le DG n’est pas bon »
Un autre manifestant a précisé que la priorité de la manif est de mettre sur pied un syndicat au sein de l’usine, pour la défense des droits des travailleurs de Les Grands Moulins d’Afrique. « Il y a eu trois cabinets de sous-traitance qui se sont succédé depuis l’inauguration de l’usine. Le cabinet et la direction des ressources humaines ont toujours promis d’améliorer nos conditions de vie. En vain », déclare-t-il. Un autre de renchérir : « Depuis janvier passé, on tente de négocier avec l’entreprise, ils ont refusé. Le Directeur général n’est pas bon pour les travailleurs, pour la jeunesse, pour les Guinéens et pour la Nation. Il n’est pas bon aussi pour le coin, c’est pourquoi les travailleurs demandent son départ et celui son clan, ainsi que le Directeur des ressources humaines. Ils nous exploitent. On travaille sans condition, sans contrat. La souffrance, ça suffit ! »
La Direction de l’usine, elle, donne sa langue aux chats : « Pas de commentaire », balance-t-il aux journaleux.
Négociations, encore des promesses
Au sortir des négociations entre le dirlo général adjoint et le collectif des manifestants, tout semble rentrer dans l’ordre. Le porte-voix du collectif, Honoré Pépé Béavogui, a déclaré que l’obtention d’un contrat à durée indéterminée a été validée par l’entreprise qui serait aussi prête à garder et à collaborer avec le Collectif. La régularisation administrative et financière de la situation des travailleurs à la Caisse nationale de la sécurité sociale serait aussi acceptée. « L’organisation des élections syndicales et des délégués syndicaux à l’issue d’un cadre de concertation avec l’entreprise, l’élaboration d’un plan annuel de formation, la prise en charge sanitaire des travailleurs passe de 50% à 75%, la fourniture de quatre EPI par an et une augmentation des indemnités de transport englobées dans le salaire », sont validés par l’entreprise qui sollicite au collectif un délai de 72 heures, le temps de validation.
Le collectif des manifestants, « satisfait » de ces engagements, a promis à reprendre le travail sur-le-champ.
Rappelons que le 15 décembre, en marge de l’inauguration de l’usine de fabrication des boissons Salam, (l’extension du Groupe Sonoco), des travailleurs de la minoterie avaient manifesté dans l’enceinte du complexe industriel, devant le ministre Secrétaire gênant à la Présidence de la République, Colonel Amara Cas-marrant.
Yaya Doumbouya