En cette fin d’année, l’harmattan souffle sur le pays et le rafraîchit de sa douceur vespérale. Il balaie en particulier les bowés, à la crête des hauts plateaux du Fouta-Djallon, s’abat sur les plaines alluvionnaires sur lesquelles jaunissent de vastes étendues de savanes avant de s’échapper entre arbres et arbustes, reliques misérables de ce qui fut une forêt équatoriale luxuriante.
L’harmattan n’a pas épargné cette fois-ci la presqu’île de Kaloum dont les habitants ploient sous une chaleur moite et étouffante toute l’année. Il a même trop fortement soufflé dans les environs du Palais Mohamed V et soulevé des rues-meurent et des controverses les plus folles, les plus désopilantes. Qu’est-ce qui a donc insufflé à l’harmattan tant de vigueur, une telle vitalité ? Tant de gens y sont allés de leurs grandiloquentes supputations. Il y a ceux qui ont aperçu une ambulance sur l’esplanade du Palais Mohamed V ou vu un hélico y atterrir et qui en ont, hâtivement déduit qu’un patient VIP y a été transporté. Suivez mon regard vers Landréah. Il y a aussi ceux qui susurrent la tenue d’une réunion de hauts galonnés au Palais susmentionné. L’air un tantinet incongru de ce rassemblement laisse les observateurs perplexes et les renvoie à leurs interrogations. Un troisième groupe d’observateurs avisés, plus attentifs aux secrets d’alcôve et aux intrigues de palais, a noté quelques bisbilles, quelques dissensions au sein de la garde rapprochée du Colonel Doum-bouillant. Ce qui a provoqué la mauvaise humeur remarquée de quelques bidasses de ce corps.
Toute cette atmosphère sulfureuse, délétère, a été aggravée par l’invite faite aux travailleurs de la Présidence de foutre le camp des bureaux et de s’en éloigner rapidement.
Intervenant quasiment dans les 100 premiers jours au pouvoir du CNRD (période de grâce) et après la mise à la retraite de moult étoilés et galonnés et ainsi qu’une pléthore de « vieux » fonctionnaires qui s’assimilaient finalement à l’Administration Publique, ces mouvements ont été considérés comme des signes précurseurs d’événements graves au sommet de l’Etat. Les oiseaux de mauvais augure n’ont guère eu d’état d’âme et ont franchi le Rubicon : l’ancien Président a passé l’arme à gauche mettant ainsi en grande difficulté le CNRD, son Président et le gouvernement. Voilà ce qui explique, selon certaines sources le branle-de combat observé au siège du CNRD. Mais pour une autre source, il convient de chercher la véritable cause du couac du côté des Forces spéciales visées par une restructuration qui substituerait une nouvelle force à la garde rapprochée actuelle du Président de la Transition, ce qui éloignerait quelques hommes et femmes. Le décret relatif à la création, le même jour, du Groupement des Forces d’Intervention Rapide, GFIR, confirme ce qui précède. Il est évident que de telles font toujours des mécontents, des frustrés, des aigris qui, légitimement et humainement sont en quête de stratégies de survie dont les mouvements de mauvaise humeur, le chantage, voire la fronde.
Abraham Kayoko Doré