Depuis le 5 septembre, le Comité national du Rassemblement pour le Développement, CNRD, a renversé Alpha Grimpeur de son fauteuil de troisième mandat. Après 100 jours de gestion du pouvoir, des acteurs sociopolitiques du pays ont réagi ce 15 décembre, dans l’émission « Mirador » de FIM FM, pour évaluer le bilan du CNRD.

Pour Seck Alioune, activiste de la Société civile, globalement, le CNRD a fait renaître l’espoir au sein du populo. Il énumère quelques actions positives du CNRD, parmi les 100 qu’il dit avoir recensées : «La préservation de l’intégrité physique du Président Alpha Condé, faire adhérer l’ensemble de l’armée à son projet, instaurer le couvre-feu et la fermeture des frontières pour éviter les attaques, lutte contre l’impunité en radiant des agents de Sécurité pris en flagrant délit de vol et racket, la mise à la disposition de la population d’un numéro vert, l’interdiction des mouvements de soutien dès les premières heures, le recueillement sur les tombes des anciens présidents, au cimetière de Bambéto et au Stade de 28 septembre. L’implication personnelle du Président de la transition pour l’évacuation de M’mah Sylla, victime de viol. La prestation de serment des cadres nommés. Les retraites de 120 douaniers, 530 policiers, 427 agents conservateurs de la nature, 6 300 fonctionnaires, 40 généraux, soit un total de 8 417 personnes mises à la retraite. La diminution du prix du carburant et la suppression des prélèvements des 5% qui étaient imposés aux fonctionnaires par le régime d’Alpha Condé. La façon d’organiser la retraite gouvernementale. La création de la Cour de répression contre les infractions économiques et financières. La récupération des bâtiments de l’Etat et de 120 machines agricoles de l’Etat en Guinée-forestière. Tout cela couronné par des bons discours», selon Seck Alioune.

 Aliou Barry, expert en Géostratégie et sur les questions de défense et de sécurité, reconnaît qu’il y a eu des actes positifs, mais il se dit inquiet, du fait de l’absence de calendrier de la transition : «Avant la mise en place du gouvernement, le colonel Mamadi Doumbouya a posé des actes dans le sens de la cohésion sociale. Ce que j’ai aimé de plus, c’est le fait que la population guinéenne a reçu un second souffle de liberté. Depuis la mise en place du gouvernement, on a l’impression qu’il pose des actes de développement et ne parle plus de la transition. Aucun ministre n’a prononcé le mot transition lors de son installation. J’ai l’impression que nous avons à faire avec un gouvernement de redressement et de développement». De poursuivre : «Ce qui m’inquiète aujourd’hui, après trois mois de gestion, il n’y pas d’actions posées dans le sens du retour à l’ordre constitutionnel. On a l’impression que le CNRD est tombé dans son propre piège à travers la Charte. Parce que, on aurait pu indiquer la durée de la transition, la composition du CNT  et définir les critères pour la composition de l’organe. Cela pourrait éviter les difficultés qu’il rencontre aujourd’hui pour la composition du CNT. La deuxième erreur du CNRD, c’est la volonté de marginalisation de la classe politique. On ne peut pas aller vers une transition ou à l’ordre constitutionnel, en mettant à l’écart les principaux acteurs politiques. L’objectif d’un gouvernement de transition est le retour à l’ordre constitutionnel».

Pour conclure, Aliou Barry prévient : «Le mois de mars 2022 risque d’être un tournant en Guinée. Parce que, lorsque  le CNT sera mis en place, les vraies choses vont commencer. J’ai l’impression que le gouvernement n’est pas équipé en matière de stature, pour affronter les vrais défis». 

Le président du PADES (), Dr Ousmane Kaba, pense que le bilan du CNRD est extraordinaire : «Je pense que d’une manière général, sur tous les plans, je trouve le résultat extraordinairement bon pour les jeunes gens, sans expériences. Parce que, la Guinée n’a jamais été dans une telle bonne direction depuis l’indépendance du pays. C’est la première fois qu’on voit des volontés affichées sur les deux problèmes essentiels de notre pays à savoir : la liberté et la gestion économique. C’est la première fois qu’on voit un groupe de jeunes gens faire souffler le vent de la liberté à travers la libération des prisonniers politiques, la réouverture des frontières terrestres et avoir le bon voisinage avec les pays limitrophes. Je vois une équipe de jeunes qui essayent de donner la liberté politique et la bonne gestion économique».

D’aucuns estiment que le bilan des 100 jours du CNRD est plutôt mitigé.

Baïlo Diallo