Douze ans après le massacre du 28 septembre 2009 ayant coûté la vie à au moins157 personnes et 109 cas de viol, des centaines de blessés au stade éponyme de Dixinn, le procès peine encore à s’ouvrir. Avec la volonté des nouvelles autorités, l’instruction du dossier est bouclée.
Le 29 décembre, le Prési de la Transition, Mamadi Doum-bouillant a mis à la retraite 41 magistrats. Il a aussi effectué des nominations et des affectations. Sidy Souleymane Ndiaye, pro-crieur près le tribunal de première instance de Dixinn, lequel communiquait jusque-là sur le dossier du 28 septembre 2009, a sauté. Me Alpha Amadou DS Bah, avocat des victimes du 28 septembre que nous avons interrogé, indique que ce changement à la tête du parquet de Dixinn n’affectera point la poursuite de la procédure. « On n’a aucune crainte majeure en ce qui concerne le parquet de Dixinn, puisque un nouveau procureur a été désigné. On verra dans quelles conditions il prendra le dossier. Mais, nous souhaitons qu’il se l’imprègne afin de pouvoir répondre efficacement aux attentes des victimes, c’est-à-dire programmer le dossier le plutôt que possible, puisque cela lui incombe », plaide l’avocat.
Le bâtiment censé abriter le procès est en chantier avancé, le récent retour d’El Dadis Camara et d’El Tigre Konaté sont, entre autres, des signes de volonté de la junte, explique Me Alpha Amadou DS Bah. «Nous espérons le procès dans les trois premiers mois de 2022, puisque le gouvernement s’est engagé devant la CPI, Cour pénale internationale et devant la Communauté internationale. Je pense qu’aujourd’hui, il n’y a pas de raison qu’on décale le procès. En tout cas nous, nous l’attendons au plus tard à la fin du mois de mars 2022», a-t-il lancé.
En outre, Sidy Souleymane Ndiaye s’est beaucoup illustré dans la répression des opposants au troisième mandat d’Alpha Grimpeur renversé par le CNRD. Le tribunal de Dixinn a condamné de nombreux jeunes à des peines de prison, pour le simple fait de s’opposer à l’Alphagouvernance. Me Alpha Amadou DS Bah rappelle que Sidy Yala Ndiaye a contribué «d’une façon ou d’une autre, à la répression des opposants politiques, parce que c’est lui qui cautionnait en réalité l’envoi de ces militants et activistes en prison et il s’en vantait. Malheureusement, l’histoire l’a rattrapé et je crois qu’il a eu ce qu’il mérite.»
De la CRIEF
L’avocat a aussi réagi à la composition de la Cour de répression des infractions économiques et financières, meublée le 29 décembre. Elle est officiée par M. Noël Konomou, précédemment juge d’instruction au tribunal de première instance de Pita. Il est aussi membre de la Commission supérieure de recours de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle. Pour Me Alpha Amadou DS Bah, le président de la CRIEF, s’il a les coudées franches, il pourrait produire les résultats escomptés. « Il faut que tous les fossoyeurs de l’économie nationale soient poursuivis et punis et que les fonds détournés soient restitués au peuple de Guinée. Si aujourd’hui on n’a pas de routes, d’écoles et d’hôpitaux, c’est que des personnalités ont pillé le pays. Donc, il faut mettre fin à ce pillage qui était presque institutionnalisé. Il ne doit pas y avoir de favoritisme ni d’exclusion. Toutes les personnes impliquées dans les détournements doivent être poursuivies jusqu’au dernier », soutient-il.
Yaya Doumbouya