À l’issue du 60è sommet de ses Chefs d’État, le 12 décembre, la CEDEAO a décidé de ne pas alourdir les sanctions contre la junte au pouvoir en Guinée. Mais au lendemain, le CNRD a sorti un communiqué pour nier les engagements pris à ce sommet par le PM et le ministre des Affres étrangères. Le 17 décembre, le colonel Mamadi Doum-bouillant a tenté de rectifier le tir.

Le Premier ministre Mohamed Béat, son ministre des Affres étrangères, Morisandan Kouyaté avaient, avant le sommet du 12 décembre, fait feu de tout bois pour éviter au bled de nouvelles sanctions de la CEDEAO. En plus du transfert du Grimpeur du Palais Mohamed 5 au domicile de son épouse à Landréyah, ils ont vendu à la CEDEAO la ferme volonté du CNRD de mettre en place le CNT avant la fin de l’année. Le duo a obtenu gain de cause, l’organisation sous régionale a fini par saluer « les avancées majeures constatées en Guinée ». Elle a accordé un sursis à la junte. Contre toute attente, le CNRD s’est fendu d’un communiqué le 13 décembre pour désavouer le PM et son ministre et a indiqué à la CEDEAO qu’il n’y avait aucun moyen de mettre un CNT en place avant 2022. Mais le 17 décembre, le colonel Mamadi Doum-bouillant a organisé un banquet en l’honneur des différents ambassadeurs des pays de la CEDEAO à Cona-cris. L’occasion pour lui d’expliciter son communiqué polémique : « Le ministère de l’Administration du territoire a reçu 706 dossiers pour seulement 81 places. Certaines entités, en plus des candidatures en groupe, ont encore déposé des candidatures individuelles. Nous avons aussi enregistré des candidatures des mêmes structures avec des signatures différentes pour nous faire croire tel n’est pas plus légitime que tel. Vous comprendrez donc toute la difficulté à mener tout cela. Nous voulons éviter les erreurs du passé et bien faire les choses». Le Président de la transition est convaincu qu’un CNT mis en place à la va-vite peut avoir « des conséquences graves sur tout le processus de refondation (…) Ce processus se fera correctement (….) Nous voulons que les Guinéens se comprennent, qu’ils s’écoutent pour trouver une solution pérenne ». Le colonel s’est aussi étonné de la fermeté adoptée par la CEDEAO vis-à-vis de la Guinée : « Nul n’a besoin de revenir sur l’état de déliquescence dans lequel se trouvait la Guinée avant le 5 septembre. Depuis, beaucoup d’actions unificatrices ont été posées. Malgré toute la bonne volonté, nous ne comprenons pas souvent certaines prises de positions de nos pairs ».

Aux noms des ambassadeurs de la CEDEAO, Youssouf Diarassouba a calmé le jeu, du moins officiellement : « Les déclarations ou recommandations de la CEDEAO ne doivent pas être prises ici comme un bâton ou pour flageller la Guinée (…) En tant qu’ambassadeurs, avec nos Chefs d’État, nous ferons en sorte que la transition se passe normalement (…) La CEDEAO n’est pas le grand méchant comme certains le décrivent, elle est auprès de vous, du peuple de Guinée pour régler les problèmes».

Yacine Diallo