Durant une dizaine de jours, les cours ont été perturbés dans les établissements scolaires de Labé. Des groupuscules d’élèves armés de cailloux passent d’écoles en écoles, pour jeter des cailloux sur les toitures desdites écoles.

La riposte de leurs camarades en situation de classe crée la pagaille, et c’est la débandade. Les services de sécurité déployés tentent de ramener le calme en vain. Des  élèves déterminés à perturber les cours les affrontent. Le mouvement se transforme en guérilla urbaine. Ainsi, des heures durant, les forces de l’ordre pourchassaient les réfractaires. Bilan des blessés parmi les élèves, des passants et même des gardiens d’écoles, des dégâts matériels notamment des pare-brise de véhicules des particuliers brisés, des écoles décoiffées.

Les raisons de l’ire des élèves

Tout serait parti de la diffusion d’images et vidéos obscènes de certaines jeunes filles des différentes écoles sur les réseaux sociaux, notamment Messenger. Certains élèves se sont mis très en colère pour exprimer leur rejet de ces images et vidéos obscènes. D’autres n’en ont cure. L’affrontement entre groupes rivaux a gagné toutes les écoles de la ville. A cause de la violence entre ces groupes rivaux, des parents d’élèves et d’autres élèves ont la peur au ventre. 

Un enseignant désemparé qui condamne la violence explique comment ils ont été attaqués. « Nous étions en classe, lorsque subitement nous avons vu des cailloux jetés du côté de Saint-André, par des élèves venus d’autres écoles. Nous avons enregistrons des blessés que nous ne pouvons pas dénombrer, mais on parle d’une dizaine ». Pour Hamidou, parent d’élève, cette situation est due à la démission collective. Il estime que les parents et les autorités ne jouent pas leurs rôles d’éducateurs. « Les enfants sont abandonnés à eux-mêmes et se livrent à volonté à la délinquance », accuse-t-il. Kadiatou Teliwel Diallo, directrice exécutive de l’Ong Agir pour le Droit Féminin (ADF) d’enfoncer le clou : « Chaque matin, les parents sortent et laissent les enfants à la maison pour ne rentrer que la nuit. Ce sont les enfants qui gardent les enfants, ce qui expose les enfants à tous les risques ». Selon elle, les parents et les autorités ferment les yeux sur la consommation des stupéfiants. D’où la recrudescence de la violence en milieu scolaire et urbain.

La réaction des autorités

Vu l’ampleur de la violence, les autorités administratives et celles de l’éducation se sont réunies pour trouver la solution. Laye Keita, chef section de pédagogie à l’IRE de Labé parle des mesures pour dissuader les élèves « pagailleurs » : « Il y a certaines dispositions que nous sommes en train de prendre. Nous commençons d’abord par la sensibilisation, ensuite nous faisons recours aux chefs de quartier, à l’Association des parents d’élèves, pour nous aider. Les forces de sécurité sont en alerte maximum : tout élève pris devant une école, en attroupement dans la rue ou en train de se rendre justice, sera arrêté et déféré ».

S’agissant de la diffusion des images obscènes qui ont suscité la pagaille dans les écoles, le procureur de Labé, Patrice Koma Koïvogui prévient ceux qui s’obstinent à les diffuser en ces termes : « Je tiens à rappeler que ces faits sont constitutifs du délit de violation de la vie privée par le moyen d’un système informatique prévu et puni par les articles 42, 43, 44 et 45 de la loi L 2016/037/AN relative à la cyber sécurité et de la protection des données à caractère personnel en Guinée. (…) L’article 44 dispose que lorsque la divulgation des données à caractère personnel sans autorisation de l’intéressé ou de l’autorité compétente porte atteinte à l’honneur de l’intéressé ou à l’intimité de sa vie privée, l’auteur de l’infraction sera puni au même titre que les complices d’un emprisonnement de 2 à 10 ans et d’une amende de 100 à 400 millions de francs guinéens ou de l’une de ces deux peines ».

 Cette situation de violence a obligé les autorités éducatives à donner des congés anticipés aux élèves. Après seulement un peu plus d’un mois de cours, puisque l’année scolaire a commencé début novembre. Ces élèves achèveront-ils leurs programmes scolaires, avant d’affronter les examens nationaux ? Pas si sûr ! Nul n’ignore que ces dernières années, le taux d’admission dans les différents examens est très faible dans le pays mais aussi dans la région de Labé.

Ibn Adama, envoyé spatial