Le Procureur général Alphonse Charles Wright ne veut pas perdre du temps. Le 13 janvier, il a donné des instructions aux procureurs de la République près les tribunaux de première instance, relevant de la Cour d’appel de Conakry d’engager des poursuites judiciaires, sans délai, contre les crimes commis sous le régime Alpha Condé.
Ces poursuites doivent viser les atteintes volontaires et involontaires à la vie ; l’atteinte à la personne constituée par les disparitions forcées ; l’atteinte volontaire à l’intégrité physique ou psychique de la personne, l’atteinte involontaire à l’intégrité physique, aux agressions sexuelles et attentat à la pudeur ; l’atteintes aux libertés, vol aggravé, d’incendie volontaire, usage d’explosif, pillage, faux en écriture publique, ou authentique ; l’atteinte à l’autorité de l’Etat, aux abus d’autorité commis contre les particuliers et aux abus dirigés contre l’administration, aux atteintes à l’action de la justice.
Pendant les 11 ans de règne du président Alpha Condé, des crimes de sang et économiques ont régulièrement été commis. Les violences politiques ont commencé en 2013, après la demande de l’opposition d’organiser les élections législatives. Ce bras de fer a conduit à de nombreuses manifestations, toutes réprimées dans le sang. Et depuis, l’opposition et le gouvernement se sont radicalisés ce qui a donné lieu à toutes sortes d’exactions. Le refus de tout dialogue et la privation des libertés par l’interdiction systématique des manifestations par le régime a radicalisé l’opposition.
Sur le plan économique, le régime Condé a brillé par des scandales à répétition : 25 millions de dollars de Paladinho ; 13 milliards Gnf au ministère de l’Economie ; 122 millions de dollars d’Arperbras ; 20 millions de dollars de la BCRG, saisis à Dakar ; 200 milliards gnf du Nabaya Gate etc.
Cela dit, à voir les crimes et délits visés, l’on se rend compte que ces procédures pourraient toucher les anciens dirigeants, mais aussi des opposants.
Le 11 janvier déjà, Charles Wright a convoqué les officiers de police judiciaire (directeurs et officiers de gendarmerie, procureurs de la Républiques près les trois TPI de Conakry, agents des commissariats centraux et urbains, agents de la sécurité routière et de l’OPROGEM) pour leur expliquer les nouvelles orientations du Parquet général.
Devant les OPJ, Charles Wright a dit qu’il n’a pas de sentiment s’il s’agit de la loi : « Je ne peux pas comprendre qu’un OPJ commence une enquête et que par des coups de téléphone, on lui demande de mettre fin à l’enquête. Communiquer le dossier à l’État, alors que cela n’est pas commandé par l’intérêt de la loi. Je n’ai pas de sentiment quand il s’agit de la loi. Si c’est par l’application de la loi que je dois incendier la Guinée, alors la Guinée sera incendiée par l’application rigoureuse de la loi ».
Autre mission que ces procureurs doivent faire, inspecter les directions de police judiciaire, dit-il. Et que dans leurs convocations, ils doivent dire au citoyen convoqué pourquoi il a été convoqué. C’est son droit.
Sabbeh