Les autorités de la transition n’ont pas répondu à la demande de l’Association des Victimes des Camps Boiro, AVCB, qui souhaitait commémorer les pendaisons du 25 janvier 1971 par un dépôt d’une gerbe de fleur sur le Pont 8 novembre (Kaloum) et par une marche de là jusqu’au Camp Boiro. La date n’est pas pour autant passée inaperçue. Les membres de l’AVCB se sont réunis au domicile de l’ancien Secrétaire général de l’Organisation de l’Unité africaine, OUA actuelle Union africaine, UA, Diallo Telli. Ils y ont lit le coran, pour le repos des victimes de la répression. Il leur a été aussi autorisé de commémorer la date au sein du Camp Boiro, actuel Camp camayenne, à Dixinn.

Le président de l’AVCB, Abdoulaye Conté, a commencé par rappeler l’importance de la commémoration de cette date. «D’innombrables illustres guinéens ont été exécutés et la plupart pendus. C’est pourquoi, depuis 1985, chaque année, l’Association des enfants des victimes des Camps Boiro commémore la disparition de ses illustres devanciers. Chaque 25 janvier, nous nous retrouvons dans un recueillement, afin de prier pour nos défunts. C’est cela le sens du 25 janvier 1971 (…) On ne peut pas laisser ce jour passer, sans le commémorer, parce qu’il y a eu tellement de disparus».

Est-ce qu’il existerait une éventuelle possibilité de pardon pour les responsables de ces évènements douloureux ? Abdoulaye Conté tente de répondre : « Nous avons montré par des actes et des actions que nous n’avons pas de haine, ni d’esprit revanchard, car cela n’a pas de sens pour nous. Nous les enfants des victimes des Camps Boiro, nous estimons que la Guinée doit se réconcilier avec elle-même en faisant la paix avec elle-même. Tous les enfants de la Guinée doivent se retrouver dans une Commission de réconciliation, de vérité, de réhabilitation et de justice, pour que ces faits si douloureux puissent être discutés, afin que plus jamais cela en Guinée. Donc, c’est une occasion pour nous de remercier très sincèrement le président de la République, Colonel Mamdi Doumbouya. Le 18 octobre 2021, il nous a ouvert les portes du Camp Boiro pour commémorer les victimes. Aujourd’hui encore, il nous ouvre ses portes de ce même camp, donc nous remercions le CNRD, car ils nous ont montré qu’ils sont sensibles à nos demandes. Au-delà de cela, nous souhaitons la mise en place d’une Commission de vérité, de justice et de réconciliation dans ce pays. Que la partie carcérale de l’histoire revienne à l’Association des victimes des Camp Boiro. Que nous n’ayons pas chaque année à demander l’autorisation qui peut arriver tard ou qui peut nous être refusée. Que cette partie carcérale du Camp qui est chargée de l’histoire de la Guinée, dans la plus douloureuse, revienne à l’AVCB, afin que chaque année nous commémorions nos disparus. Que les fosses communes à travers le pays soient toutes ouvertes et qu’ils remettent les restes aux familles des victimes qui n’ont pas encore fini de faire leur deuil. Qu’il n’y ait plus de fosses communes en Guinée. Au Colonel Mamadi Doumbouya et son équipe, nous leur demandons humblement qu’il permette à la Guinée, pour une fois, de se réconcilier avec elle-même, avec son passé douloureux et tragique (…)».

Kadiatou Diallo