La famille et les amis veulent célébrer El Hadj Boubacar Biro Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale. Il vient d’avoir cent ans (1er janvier 1922-1er janvier 2022). Lors d’une conférence de presse ce 24 janvier, il a été annoncé la création d’une fondation au nom de celui qui a présidé la 6ème législature guinéenne. Le lancement des activités aura lieu à Mamou les 28 et 29 janvier, à l’occasion d’une cérémonie d’hommage.
Amadou Diouldé Diallo, journaliste sportif et historien, El Ousmane Baldé dit Sans loi et El Hadj Saidou Diallo, respectivement président et vice-président de la Coordination des Fulbhé et Haali-Pular, étaient aux côtés des fils d’El Hadj Biro Diallo, pour témoigner sur la vie de l’homme.
Amadou Diouldé Diallo a dressé la généalogie d’El Hadj Biro. Quant à El Hadj Ousmane Baldé, il a parlé d’un homme pieux, doux, mais aussi exigeant quand il s’agit de la vérité et de la justice. «Il sait que la vérité ne vieillit pas, ne nuit à personne. La vérité, soit on commence avec ou on termine avec, mais elle se manifestera. Grâce à Dieu, toutes ces qualités ont contribué à faire d’El Hadj Biro l’homme qu’il est aujourd’hui. Avoir cent ans et jouir de l’essentiel de ses facultés physiques et mentales est une bénédiction. Un homme, si Dieu lui donne longue vie, il a toutes les chances de pouvoir prier Dieu et avoir le salut ici-bas et à l’au-delà », a dit El Hadj Ousmane Baldé, qui a prié Dieu de donner à la Guinée plusieurs El Hadj Biro, pour aider la Guinée et les Guinéens à sortir de l’ornière.
Malal Diallo, vétérinaire et fils du centenaire, parle d’un homme qui « s’est battu pour la justice, l’honnêteté et le travail bien fait. C’est ce qui lui a valu d’être le Directeur de l’Ecole normale secondaire de Dabadou, à Kankan. Il a formé tous ceux que vous avez eu ici comme professeurs au lendemain de l’indépendance. L’année à laquelle il a quitté, il a demandé au ministère d’élever l’école au rang d’Institut. C’est cette Ecole normale supérieure qui est devenue l’Institut polytechnique de de Kankan. Il est très exigeant. Quand j’ai fini mes études, il a dit que je ne travaille pas à Conakry, je vais à Yomou. Il s’est un peu tiraillé avec le ministre de l’élevage qui ne voulait pas m’envoyer à Yomou. J’ai eu la chance, il y avait un détournement de salaires à Beyla, le chef de Cabinet d’alors, un certain M. Abdoulaye qui était aussi élève du vieux à Dabadou, a exigé que l’on m’envoie là-bas pour redresser la situation. C’est une fierté d’avoir un tel Monsieur comme père, d’avoir un tel Monsieur comme éducateur…»
Kadija Bah, amie de la famille Biro, parle d’une « bibliothèque, une source ». Elle a invité les jeunes à s’y abreuver. C’est bien l’objectif de la Fondation El Hadj Boubacar Biro Diallo : « promouvoir les valeurs nationales, les personnes qui ont servi ce pays avec loyauté et dignité. On peut bien prendre des exemples ailleurs, mais nous avons également des modèles qu’il faut absolument mettre en valeur. Et il appartient aux jeunes d’aller à la source, de rencontrer ces personnes, les écouter pour connaître et écrire notre histoire », a dit Mme Kadija Bah.
«Quand nous avons eu le baccalauréat mon frère Saïfoulaye et moi, ses premiers conseils étaient de nous dire : Aujourd’hui vous allez nous quitter, pour aller habiter avec d’autres personnes. Comportez-vous comme il se doit. N’ayez jamais peur de dire la vérité, n’ayez jamais peur d’avoir peur. Ne volez jamais, car, quand tu construis une maison avec de l’argent volé, quand tu vas te coucher dans cette maison, tu regarderas le plafond et tu auras honte de la maison. Quand tu voles de l’argent pour t’habiller, tu auras honte de tes habits. Ne cherchez pas à être aimés, il faut faire le bon travail », a indiqué Mme Fatou Biro Diallo, fille du centenaire.
Selon les témoignages, El Hadj Biro a transmis à ses enfants le sens du travail, de la responsabilité et de l’honneur. « Nous ses filles, il nous dit quand ton mari achète la table, cours acheter la chaise. Si ton mari achète le lit, cours acheter le matelas. Ne soyez pas dépendantes. Il arrivait qu’on se demande si c’est réellement notre père, tellement il était rigoureux avec nous. Il nous a dit de travailler pour gagner notre vie. Que ce n’est pas l’argent volé qui va faire la fierté d’un homme », a-t-elle ajouté.
Th Hassane Diallo