Commencé dimanche 23 janvier, le coup d’État perpétré contre le Kaboré du Burkina n’a connu son épilogue que le lendemain. Le lieutenant-colonel de là-bas, un Saint-Cyrien bon teint, s’appelle Paul-Henri Sandaogo Damiba. Son CNRD se compose également de quatre lettres : MPSR, Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration. Aucun gouvernement n’a encore été formé. Bien malin qui vous dira à quelle sauce les hommes intègres seront burkina-bouffés. Le nouveau patron du pays n’a pas précisé ce qu’il compte restaurer et sauvegarder. Les Guinéens sont déjà sûrs que le putschiste de Ouagadougou sera beaucoup moins doum-bouillant que le ficeleur de colis de Conakry.
La pratique est devenue classique. Le colonel Damiba fera l’état des lieux habituel. En Guinée, Fory Coco, alors colonel, avait supprimé les normes, « la honte du pays », le 3 avril 1984. Il avait aussi ouvert les frontières. Avec 38 ans de recul, on voit qu’il n’en avait pas le choix. Dadis, lui, n’a pas permis à feu Sompe-la-Pipe d’assurer la continuité constitutionnelle après la terrible crise cocoforiste de 2007. Le Dadis Show a puisé là toute sa popularité. Nul besoin que Sékouba y ajoute d’autres maux. Issu de la tricherie des urnes et du banditisme institutionnalisé, le pouvoir grimpeur a quand même rappelé qu’il « n’avait pas hérité d’un État, mais d’un pays. » Oubliant de préciser qu’il ne pouvait en être autrement. S’il y avait eu un État en Guinée en 2010, Alpha aurait grimpé ailleurs qu’au sommet de cet État-là. Pour le lui montrer grandeur-nature, le sauveur des Guinéens, Colonel Doum-bouillant, l’a embarqué dans une voiture non décapotable, lui a fait traverser les contrées de Gnaari-Wada-Bambéto afin qu’il fasse son propre bilan. Alpha a dû rentrer à Kaloum avec la certitude que les Guinéens, eux, sont sauvés. Le génocide n’aura pas lieu. Le bilan du Colonel Mamadi Doumbouya s’en trouve simplifié : quelle Guinée sortira-t-il du CNT de Dansa Kourouma et du CNRD ?
Force est de voir que les colonels guinéen et malien ont pris une petite longueur d’avance sur leur homologue burkinabé, dont l’œuvre n’est pas moins courageuse. Assemi Goïta et Mamadi Doumbouya se sont attaqués à des dictateurs impénitents, des « présidents à vices, sans état d’âme, » pour parler comme Alpha Condé. La cible de Paul-Henry Sandaogo, la CEDEAO, est encore plus coriace. Le Saint-Cyrien a libéré le peuple burkinabè des griffes de la bande à Kaboré le lendemain de l’annonce des représailles politiques, diplomatiques, économiques et financières de l’institution régionale contre le Mali et peut-être bientôt la Guinée, assoiffés de liberté. Le syndicat des dictateurs de la CEDEAO abhorre les coups d’État militaires ; ils organisent à ciel ouvert la perpétuation au pouvoir de ses syndiqués usurpateurs. Parmi les énergumènes que Damiba a renversés, le tea-boy de Sékhoutouréya, un certain Alpha Barry. Qu’Alpha Grimpeur avait réussi à placer comme ministre des Affaires Étrangères dès le premier gouvernement de Jean Marc Christian Kaboré. Qui était de la mission de la même CEDEAO à Conakry en 2020 quand le FNDC lui a rappelé que sa présence en Guinée ne consistait qu’à peaufiner le projet de coup d’État constitutionnel d’Alpha Condé. Si « le méchant colon blanc est parti » ce n’est pas le salaud noir qui règnera indéfiniment sur l’Afrique. Qu’on se le tienne pour dit !
Diallo Souleymane