Lors de la rencontre entre les acteurs politiques et le Colonel Mamadi Doumbouya, le 15 janvier, le chef de la junte a invité ses hôtes à s’entendre sur l’essentiel, pour permettre au CNRD d’accélérer la mise en place du Conseil national de Transition (CNT). Ce lundi 17 janvier, invité de l’émission « Mirador » sur FIM FM, Sidya Touré, le président de l’Union des Forces Républicaines, (UFR) a réitéré que le processus revenait à la junte. L’ancien Premier ministre se dit tout de même surpris de cette déclaration du Colonel Doumbouya, car pour lui, ce n’est pas aux acteurs politiques de déterminer le CNT.

«Il y a 81 membres du CNT, les partis politiques ont moins de 20%. Nous nous sommes constitués en coalition, nous avons déposé une liste de nos 15 personnes désignées. La suite de l’opération appartient au CNRD. C’est à eux de décider. Ce n’est pas la première transition que nous avons eue. En 2009, nous avons vécu cette opération qui s’est passée plus rapidement. Je pense que c’est leur devoir de constituer cette entité pour qu’on puisse engager un débat serein au sein du Conseil national de Transition, ça nous aidera tous. Je pense qu’il doit accélérer la mise en place du CNT pour qu’on puisse avancer. Plus le temps passe, plus les problèmes s’accumulent dans le pays. C’est pourquoi, il faut que le débat s’ouvre entre les forces vives de la nation et le CNRD», explique-t-il, avant de poursuivre : «On ne peut pas occulter ce sujet, parce que nous sommes quand même en transition, quels que soient les bons points que nous avons accordés à Mamadi Doumbouya pendant tout ce temps. La transition reste la transition, la communauté internationale est derrière nous. Les relations de la Guinée, ce n’est pas avec les voisins seulement, les relations internationales sont assez compliquées pendant cette période. Les financements extérieurs et les affaires ne se font pas. Plus cela tarde, plus ça constitue une « bombe » au niveau économique qui nous attend».

Sanctions de la CEDEAO contre le Mali

Selon le président de l’Union des Forces Républicaines, le CNRD n’avait pas besoin de faire une déclaration. «Il n’y a pas de conséquences particulières, mais je pense que cette déclaration, on n’avait pas à la faire. Nous sommes dans une situation où nous étions déjà exclus des instances de décisions de la CEDEAO. Il était normal de constater là-bas que les décisions ne s’appliquaient pas à nous, puisqu’on n’y était pas. Mais ce n’est pas la peine de faire une déclaration. La CEDEAO, c’est nous-mêmes. Je pense que le mieux, c’est d’entretenir avec nos voisins les meilleures relations possibles. Nous allons faire des bravades, les déclarations. Nous sommes en train de gérer un Etat, c’est extrêmement compliqué. Tout ce qui peut contrecarrer ou nous empêcher d’aller de l’avant, à mon sens, n’est pas une bonne opération».

Sidya Touré déclare que la CEDEAO n’est pas une personne, mais une entité de seize pays dont nous-mêmes. Les gens veulent simplement s’assurer qu’ils n’auront pas de coup d’Etat chez eux aussi, avec des militaires qui vont s’installer cinq, six ans. «Si vous venez nous parler de six ans et demi, c’est quelque chose qui ne va pas. Et en plus de cela, c’est l’exemplarité qui lui a fait peur. C’est en fait leur propre problème qu’ils essaient de résoudre à travers une organisation qui est considérée comme l’une des meilleures en Afrique aujourd’hui», ajoute-t-il.  

Le Mali, désormais, veut faire de la Guinée, un rempart contre la CEDEAO. Des délégations séjournent à Conakry, est-ce que cela ne pourrait pas nous attirer des ennuis ? En dépit de cela, le procureur général près de la Cour d’Appel, Charles Wright, qui annonce des poursuites à propos des délits commis sous le règne de Alpha Condé. A la question, est ce que quelque part les politiciens ne sont pas visés, quand on parle de vandalisme ? Sidya répond : «La justice c’est la justice. S’ils ont envie de lancer une procédure, ils n’ont qu’à le faire. On verra exactement où ça va nous mener. Quant à nos relations avec le Mali, que les maliens aient une porte pour venir parler avec quelqu’un tant mieux, je n’ai rien contre cela. Mais seulement, ça ne résout pas le vrai problème du Mali aujourd’hui. Car c’est un pays enclavé et qui a besoin d’ouverture sur la mer. 70% des marchandises du Mali passent par le Sénégal, 30% par la Cote d’Ivoire. Je ne vois pas d’inconvénients qu’ils viennent discuter avec nous et repartir, ça ne change pas les sanctions, ni les idées des uns et des autres sur cette question. Les problèmes sont posés, il faut trouver les solutions. Les choses ne vont pas au-delà de ce que la CEDEAO a exigé. A mon sens il faut trouver des solutions. Le dialogue est la meilleure solution».

Kadiatou Diallo