Dans l’émission « Mirador » du 30 décembre de FIM FM, M. Mamadou Dian Baldé, un des chroniqueurs de ladite émission, a proposé au Colonel Mamadi Doumbouya la création d’un poste de Conseiller sur les questions mémorielles.

Cette proposition qui a fait sourire certains de ses collègues n’est pourtant pas dépourvue d’intérêt ou de pertinence.

En effet, la rebaptisation de l’aéroport international de Conakry- Gbessia et la restitution des villas de Belle-Vue à la famille de feu Président Sékou Touré ainsi que les réactions qui en ont résulté prouvent que certaines questions concernant l’histoire contemporaine de la Guinée demeurent encore et toujours sensibles. Toute décision concernant ces questions doit être mûrement réfléchie. Sinon, elle risque de produire des effets contraires à ceux espérés par son auteur. La volonté de bien faire ne suffit pas toujours ; il faut penser aussi aux effets ou à l’opportunité de certaines décisions surtout quand elles concernent des questions clivantes.

La fracture mémorielle est si grande qu’aucun guinéen, aussi illustre, célèbre ou respecté soit-il, n’est à l’abri de propos déplacés quand il aborde certains sujets dans un sens qui n’est pas celui que veut l’un ou l’autre camp. Tierno Monénembo et le Cardinal Robert Sarah sont en train de faire les frais de leur prise de position notamment sur la rebaptisation de l’aéroport. On a l’impression en fin de compte que dans notre pays, personne ne fait autorité. Qu’on soit un écrivain mondialement reconnu ou un haut dignitaire religieux, il faut prendre d’infinies précautions oratoires avant d’aborder certaines questions. Il y a quelques mois, c’est le Grand Imam de la Mosquée Fayçal qui était l’objet d’attaques  de la part de certains. À cette allure, beaucoup finiront par opter pour le silence afin de se mettre à l’abri d’un lynchage via les réseaux sociaux.

Me Mohamed Traoré, ancien Bâtonnier