La bataille judiciaire entre les ténors du FNDC et le contrôleur général de police, Aboubacar Fabou Camara, ancien Directeur central de la Police judiciaire et Mohamed Lamine Simakan, ex-patron de la BRI (Brigade de la répression et d’intervention) a repris à la Cour d’appel de Conakry. Deux procédures enclenchées d’un côté par Oumar Sylla alias Foniké Menguè, de l’autre, par Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno contre ces deux hommes de main, du régime du Président Alpha Condé. Le procès s’est ouvert ce 7 février.
Au plus fort de la lutte contre le tripatouillage de la Constitution de 2010, les hommes de Fabou Camara et de Mohamed Lamine Simakan ont interpellé à plusieurs reprises les principaux leaders du Front national pour la défense de la Constitution, FNDC. Ces derniers ont régulièrement dénoncé des violations répétées de leurs droits. Au point que Sékou Koundouno et Ibrahima Diallo ont porté plainte contre les deux pour «Violation de domicile et destruction de biens privés ». Le procès s’était ouvert au TPI de Dixinn. Les prévenus ont refusé de comparaître, un mandat d’arrêt avait été décerné contre eux, mais il n’a jamais été exécuté. Foniké Menguè lui, les accuse, entre autres, «d’arrestation arbitraire, de dénonciation calomnieuse, de menace, d’injures…»
Dans la première affaire, la défense a sollicitée un renvoi à deux semaines, le temps pour eux de mieux se préparer : « Nous venons de nous constituer, nous sollicitons ce renvoi pour que nous puissions prendre connaissance du dossier ». Ce que le ministère public a contesté : «Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. L’affaire n’est même pas appelée, je ne vois pas pourquoi elle peut être renvoyée. Les parties civiles sont là, c’est le ministère public qui poursuit. On peut écouter les parties civiles pour savoir ce qu’ils reprochent aux prévenus. »
Et maître Pépé Antoine Lama de dénoncer une volonté de la défense de retarder le procès : «Nous ne comprenons pas que c’est la défense qui demande le renvoi, alors que ce n’est pas elle qui a fait appel. Vous êtes saisis d’un appel du procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn. Ces deux prévenus sont sous le coup d’un mandat d’arrêt depuis plus d’une année. Aucun recours ne peut empêcher son exécution, les prévenus ont choisi de se moquer de la justice. Nous vous prions de mettre en exécution ce mandat. »
«Ces mandats d’arrêt sont exécutoires à moins que vous n’ordonniez sa main levée », déclare le représentant du ministère public. Mais pour la défense, rien ne peut justifier un emprisonnement de leur clients : «Nos clients sont respectueux de la loi, ils ont une famille, ils viendront à toutes les audiences. Nous sollicitons main levée de ce mandat.»
Le juge a finalement accédé à la demande de la défense en renvoyant l’affaire au 14 février prochain. Il se prononcera aussi sur le mandat d’arrêt ce même jour.
Cette décision du juge a failli envoyer les deux prévenus à la Maison centrale: «Si le ministère public n’a pas une décision aujourd’hui, Aboubacar Fabou Camara et Mohamed Lamine Simakan iront en prison ». « La décision de rendre le délibéré le 14 février emporte sur le mandat d’arrêt. Attendez qu’on se prononce ! », rétorque le juge. Ce que Me Pépé Antoine Lama conteste : «Nous avons l’impression que le ministère public hésite à exécuter le mandat d’arrêt. Nous ne comprenons pas qu’il ne veuille pas l’exécuter. C’est vraiment curieux.»
Pour ce qui est de la plainte de Foniké Menguè, l’affaire a également été renvoyée au 14 février.
Yacine Diallo