La triste réalité qui se passe actuellement en Afrique de l’Ouest, avec le retour de coups d’Etat militaires que l’on croyait révolu, les officiers, censés être apolitiques sont devenus plus politiques que les politiciens eux-mêmes. A Bamako, la junte joue avec la fibre nationaliste et la francophobie pour se maintenir au pouvoir.
Les Maliens, pour lesquels la junte remplace le cholera par la peste, chantent et dansent naïvement à la gloire du putschiste. Lequel leur donne l’impression que c’est le méchant Français qui est le problème du Mali. Et que le camarade Russe va leur essuyer les larmes. Avec le temps, ils risquent de déchanter.
En Guinée, après la mise en place du CNT, celui-ci devait s’atteler immédiatement à la définition de la durée de la transition et la mise en place d’un chronogramme devant permettre le retour à l’ordre constitutionnel. C’était sans compter avec l’infiltration du CNRD. L’aile dure du système nuisible et préjudiciable semble avoir fait mains mises sur le CNRD. Lequel donne du grain à moudre à la classe politique afin qu’elle lui colle la paix.
Le duo censé remplacer le kaki au palais est dans l’œil du cyclone. Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré sont sommés de quitter leur domicile sous le prétexte qu’ils occupent un domaine public. Si cette mesure concernait tous ceux qui occupent les domaines de l’Etat, aucun guinéen n’aurait rechigné, dès lors qu’elle aurait été impersonnelle et impartiale. Mais lorsqu’elle semble avoir une cause difficilement avouable, il va de soi que l’opinion publique demeure perplexe. Si demain tous les anciens ministres qui se sont accaparés de la corniche de Conakry, à la fois nord et sud, étaient sommés de quitter ces lieux, bien évidemment que les Guinéens applaudiront de deux mains.
Que ce soit seules les deux bêtes noires du président déchu qui fassent l’objet de déguerpissement, cela fait dire à certains observateurs que l’on commence à faire du Condé sans Condé. Et même pire. Car l’ancien président, dont le pouvoir a été fragilisé par le duo en question tout au long de son règne, n’avait pas cherché des poux dans le crain nu de ses adversaires. C’est autant dire que ses adeptes sont devenus plus royalistes que le roi. Mais c’est la fin qui justifie les moyens.
Pour revenir à la transition, celle-ci peut donc durer une éternité. En attendant que le CNRD mette de l’ordre à la maison, selon les détracteurs de ceux qui auraient la faveur des urnes. La stratégie serait simple : pour se défendre il faut attaquer. Si les deux hommes qui sont capables de mobiliser les militants ont des démêlés ave la justice, la durée de la transition passera au second rang. Comme dit un adage bien connu chez nous « on poursuit quelqu’un ou quelque chose jusqu’à ce qu’on soit poursuivi. Alors on abandonne sa cible pour détaler de toutes ses forces ».
Mamady Doumbouya et ses lieutenants savent que si Cellou et Sidya sont fragilisés voire déstabilisés, le reste ne sera que du beurre à couper. D’autant plus que, dès les premiers jours de la prise du pouvoir par l’armée, le nouveau pouvoir a ratissé large dans les états-majors politiques pour recruter certains de ceux qui sont considérés comme les têtes brûlées de l’opposition.
Ironie du sort, Ousmane Gaoual Diallo, longtemps perçu comme le dauphin potentiel de Cellou Dalein Diallo, est en train de prendre les coups les moins attendus du monde de la part de ses anciens camarades de lutte. Avec le recul l’homme apprendra à ses dépens que sa nomination comme porte-parole du gouvernement n’était rien d’autre qu’un cadeau empoisonné.
Comme quoi celui qui veut être et rester un héros doit s’éloigner du pouvoir. Même si on a point besoin d’être dans le secret du Créateur pour savoir que l’homme est actuellement confronté à un véritable dilemme cornélien. Entre d’un côté son parti et ses nombreux militants qui ne le reconnaissent plus et de l’autre les délices du pouvoir. Or cela ne va pas continuer à durer longtemps. Il va falloir faire le choix. Soit la défection soit la déception.
Habib Yembering Diallo