Après son annonce de l’ouverture d’une information judiciaire contre des journalistes, qui a fait jaser, le procureur général Alphonse Charles Wright a rencontré des associations de presse à la Cour d’Appel de Conakry, mercredi 23 février. Après près de deux heures de d’entretiens à huis-clos, il insisté maintenir formellement sa menace de poursuivre des hommes de médias. « Je le maintiens et on ne bougera pas d’un cran par rapport à ça. Aujourd’hui cette rencontre a permis aux chefs de médias de relever avec le parquet d’instance quelques dérapages tant bien que mal au niveau de certains médias et la nécessité pour chaque directeur de la presse, qu’elle soit écrite ou en ligne, la responsabilité qui découle de la Loi L/2010/02, portant liberté de la presse. Le parquet général reste formel : aucun journaliste ne doit être inquiété en raison de la liberté qu’il exprime dans l’exercice de ses fonctions. Mais en revanche, aucun journaliste ne doit être toléré lorsqu’il violerait l’article 1er de la loi portant liberté de la presse ».
« Propos subversifs »
Le procureur général justifie sa fermeté par la situation de transition que traverse le pays. Une période qui d’apaisement, de quiétude sociale. Pour Charles Wright, la responsabilité sociétale du journaliste n’est pas à démontrer. « Mais cette loi vous dit que la liberté d’expression ne doit être limitée que par la loi, l’ordre public et l’unité nationale. Certains journalistes se permettent, au nom de la liberté de la presse, de tenir des propos subversifs qui ont tendance à porter atteinte à la quiétude sociale. Je ne défends pas une corporation, je défends la société. Et cette société a des valeurs : la quiétude, la paix. Si un journaliste doit être inquiété parce qu’il a bien fait son travail, je serai le premier à m’y opposer. Parce que la liberté de la presse est le socle de la démocratie ».
Vanté pour son courage, Charles Wright a connu des ennuis sous l’ancien régime d’Alpha Condé. Aux yeux de certains, il doit son ascension actuellement à la presse. « Depuis ma prise de fonction au parquet, aucun journaliste n’a été convoqué devant un service de police judiciaire. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas dérive au niveau de la presse. Mais il est hors question pour le parquet de laisser un journaliste tenir des propos de nature à semer des troubles, à porter atteinte à la dignité de n’importe qui. Les gens passent par les médias pour insulter, pour alimenter les tensions. Est-ce que les médias doivent prêter le flanc à cela ? S’il y a un manquement, le parquet ne reculera pas. Je le dis et le répète : les personnes qui vont se prêter à cela feront l’objet de poursuite judiciaire. Je ne négocie l’impunité avec aucun journaliste dans ce pays ».
Ibn Adama