Le 23 février à Cona-crimes, le Collectif droit et justice équitable en Guinée a tenu un point de stress sur le thème enjeux et perspectives pour une Guinée stable. Il tourne autour du dossier lié au massacre du 28 septembre 2009 au stade éponyme à Cona-crimes. Au terme duquel, 150 personnes sont tombées sous les balles des bidasses, flics, gardes républicains et pandores. Aussi une centaine de blessés et des nounous violées, en plein jour.

Bien que l’instruction étant bouclée, le Collectif droit et justice équitable en Guinée ne veut pas la tenue d’un procès à l’état actuel du dossier. En lieu et place, il souhaite la nomination d’un nouveau pool de juges et la reprise de l’instruction. Et pour cause, tous les présumés bourreaux n’ont pas été inculpés.

Mamady Kaba, le coordonnateur national du Collectif, a déclaré qu’il est évident que les juges « ont subi certainement » des pressions. « Ils n’avaient pas eu les mains libres pour faire correctement leur travail. Si un procès doit se tenir sur la base de ce travail, il est évident qu’on va tout droit vers une situation qui va être très difficile à gérer. Evidemment, une communauté va se sentir spécifiquement ciblée dans ce dossier. Ce qui n’est pas favorable à la cohésion nationale. Nous plaidons que les autorités de la Transition s’approprient du dossier du 28 septembre, mettent en place un pool de juges véritablement indépendants et ayant tous les moyens nécessaires pour un travail correct et indépendant. Je pense qu’à partir de ce moment, nous pouvons attendre à un procès juste et équitable qui nous débarrassera de tous les soupçons. Il y a beaucoup de suspicions, si nous allons à un procès dans ces conditions, il est évident que la cohésion nationale pourrait en souffrir profondément », estime-t-il.

Il indique que la justice de la Transition ne doit pas être mise à l’écart, car elle reste, poursuit-il, un outil qui rendra justice en tenant compte des spécificités du dossier et en favorisant la paix et le vivre-ensemble. « Que les Guinéens sortent de ce dossier sans perdre l’unité nationale. Avec la nomination d’un pool de juges, doté de tous les moyens adéquats, nous sommes convaincus que les résultats seront différents de ce que nous vivons actuellement », estime M. Kaba.

La chaîne nous retiendra

Abdourahamane Baldé, le coordinateur régional du Collectif, a déclaré que ce sont ceux qui étaient venus protéger les leaders politiques au stade qui sont beaucoup plus ciblés dans le dossier. « On a l’impression qu’il y a une volonté manifeste de garantir l’impunité à ceux qui sont véritablement les bourreaux dans cette affaire », regrette-t-il. Selon lui, le massacre du 28 septembre 2009 doit être résolu à la hauteur de son ampleur. « Si tel n’est pas le cas, cet événement constituera longtemps une chaîne qui empêchera la Guinée de se hisser au sommet. On ne peut pas vouloir le bonheur, tout en buvant le sang des victimes dans ce pays. La justice doit être une véritable boussole pour une société qui se veut prospère, d’une nation qui se veut développer. Le chemin sûr, c’est celui de la justice, de la vérité », ajoute-il.

Yaya Doumbouya