Le 3 février, Abdourahmane Sano, Coordinateur national du FNDC (Front national pour la défense de la Constitution) a cédé la tête de la structure ayant combattu le 3eme mandat d’Alpha Grimpeur. Désormais, Oumar Sylla alias Foniké Mengué le remplace. Ibrahima Diallo, chargé des opérations de la structure a annoncé la nouvelle devant un parterre de journalistes au siège du FNDC à Kipé, dans la commune de Ratoma. «Ce moment est d’une solennité exceptionnelle, parce que nous sortons d’une plénière. Après des semaines de retraite, vous avez bien observé le silence de la coordination nationale, nous étions en train de travailler, nous étions en train de décliner les nouvelles perspectives du mouvement. En cela, le coordinateur national, Abdourahmane Sano, a bien voulu manifester la volonté de mettre fin à sa mission à la tête du FNDC. Nous avons passé des jours à travailler avec lui jusqu’à ce que nous sommes parvenus à accepter cette volonté de monsieur Abdourahmane Sano, qui a tout de même dit de continuer toujours à s’engager auprès des responsables du mouvement, mais aussi en demeurant dans l’esprit du FNDC, quelles que soient sa nouvelle vision et sa nouvelle orientation ».

Ibrahima Diallo a rappelé le combat mené par le FNDC depuis sa création à maintenant. Selon lui, le combat a été difficile et rude. « Mais nous avons tenu bon et nous sommes parvenus à obtenir la victoire devant l’histoire, devant le peuple de Guinée. Nous sommes parvenus à redonner l’espoir à la jeune génération qu’on peut se battre pour sa patrie, qu’on peut se battre pour le pays, pour les valeurs et les principes de la démocratie et de l’Etat de droit. A la tête de ce combat, Abdourahmane Sano qui n’a ménagé aucun effort pour encadrer le mouvement et les membres du mouvement, pour porter haut le flambeau au niveau national et international ».

Long discours de fin de mission

Dans un long discours, Abdourahmane Sano a rappelé la lutte menée par le FNDC contre le 3è mandat d’Alpha Grimpeur. Selon lui, le premier succès du mouvement a été de Rassembler la majorité des Guinéennes et des Guinéens, autour d’un idéal commun, malgré leurs différences et leurs divergences, dans un environnement de fortes rivalités. En gagnant ce pari, dit-il, le FNDC a permis de prouver aux observateurs les plus sceptiques et à l’opinion internationale, que les Guinéens peuvent s’entendre et s’unir lorsque l’intérêt national est en cause. L’ex coordinateur national du FNDC a déploré la centaine de morts et autant de familles endeuillées, des centaines de blessés, des atteintes massives et systématiques aux droits humains, par les forces de défense et de sécurité, appuyées à bien des égards, par des magistrats, des destructions de biens privés et publics, etc. « La facture payée par le peuple, pour sauver l’État de droit, a été éprouvante. Nous devons toujours nous en souvenir sans rancune, pour nous rappeler constamment de notre devoir envers toutes les victimes », a-t-il lancé, avant d’officialiser son retrait : « Le chantier ‘’Guinée’’ est plein de défis, d’autres encore plus citoyens, m’interpellent et j’ai décidé de m’y engager. En conséquence, je vous annonce, avec humilité et gratitude, que je mets fin à mes fonctions de Coordinateur du FNDC, à partir de ce jour jeudi, 3 février 2022 ».

Les raisons de son retrait ?

Abdourahmane Sano a rappelé que  dès au départ, il avait  promis de se retirer de ses responsabilités en fin 2020. Mais les circonstances d’ordre moral et stratégique l’en ont empêché. « Maintenant que ces contraintes sont levées et que l’objectif de la lutte du FNDC est, à mon humble avis, globalement atteint par rapport au 3ème mandat, je considère que mon engagement doit être réorienté. Etant convaincu des vertus de l’alternance démocratique, pour laquelle je me suis battu au sein du FNDC, conformément à la constitution de mai 2010, je voudrai de mon côté donner l’exemple. L’émergence de jeunes leaders à même d’assurer la relève au sein du FNDC, m’encourage à changer de statut pour devenir un simple militant au sein du mouvement ». Il a insisté sur son appartenance au mouvement avant d’encourager le nouveau responsable et ses collègues à persévérer dans la lutte citoyenne. «Nous devons toujours nous souvenir du martyr abusivement infligé aux enfants de notre Pays en quête d’un État de droit et parfois tranquillement assis en famille ou rentrants de l’école. Leur souvenir doit demeurer gravé en nous, comme un stimulant constant de notre engagement citoyen aussi longtemps que justice ne serait pas rendue. Nous devons demeurer engagés tant que la gouvernance des affaires publiques serait asservie par un homme ou un groupe d’hommes. Rappelons-nous que le combat citoyen est un combat de tous les jours, je vous encourage à resserrer les rangs et à soutenir le nouveau Coordinateur et ses collègues, car la lutte doit continuer jusqu’à l’avènement d’un véritable État de droit, avec une gouvernance plus juste et plus vertueuse ».

Foniké Mangué reprend le flambeau

Oumar Sylla, alias Foniké Mangué, le nouveau Coordinateur national du FNDC, a rendu hommage à Abdourahmane Sano et s’est engagé à perpétuer la lutte citoyenne pour l’avènement d’une vraie démocratie en Guinée. « Je m’engage devant les membres de la coordination nationale, les membres de la plénière, les structures à la base, les militants et sympathisants du FNDC, de perpétuer les acquis hérités du coordinateur national sortant et de parfaire les limites du mouvement. Je voudrais rendre un hommage à toutes les victimes tombées pendant la lutte démocratique du FNDC. A ce titre, je vous invite à observer une minute de silence en leur mémoire (…) Mesdames et Messieurs, la Coordination nationale du FNDC s’engage auprès des familles de victimes qu’elle continuera à se battre par tous les moyens légaux, pour que justice soit rendue à toutes les victimes. C’est pourquoi, il faut rappeler que les avocats du FNDC ont déjà saisi des juridictions nationales et internationales notamment, la justice guinéenne, la Cour de justice de la CEDEAO et la Cour pénale internationale, pour faire la lumière sur tous les crimes de sang commis pendant la lutte contre le 3ème mandat de M. Alpha Condé ».

Ibn Adama