Le CNRD et une grande partie de la classe politique guinéenne ne filent plus le même coton. La cause, l’absence d’une feuille de route claire de la transition. Les acteurs politiques s’interrogent à propos du silence de la junte sur le processus électoral devant aboutir à un retour à l’ordre constitutionnel. A ce doute, s’ajoute la polémique autour de la récupération des biens de l’Etat. Sidya Touré, président de l’UFR, Cellou Dalein Diallo de l’UFDG, sommés de quitter leurs domiciles, contestent. Les responsables du CNRD les ont réunis au camp Samory, le 21 février, pour marteler leur volonté de les sortir avant le 28 février. Invité, chez nos confrères de Fim fm, Aliou Bah, président du parti Model, a trouvé curieux la démarche du CNRD : « Dès les premières heures de cette polémique, on commence à dire que la récupération des domaines de l’Etat n’est pas une affaire politique. Mais ce sont les mêmes qui convoquent deux acteurs politiques concernés, les associent avec d’autres qui ne le sont pas. Pourquoi les associer et faire croire que ce n’est politique ? ». Il accuse des cadres tapis dans l’ombre au Palais Mohammed V ou qui rôdent autour du colonel Mamadi Doumbouya de tirer les ficelles : « J’écoute des discours ou certains commencent déjà à parler d’état d’urgence, est-ce que l’objectif est de créer des polémiques pour créer des fissures, mettre les uns contre les autres ? Qui va gagner dans ça ? Est-ce qu’au sein du CNRD il n’y a pas certains qui n’ont pas intérêt à ce que les choses aillent dans la bonne direction, qui pensent qu’il faut créer des problèmes ? Lorsqu’on convoque un acteur politique, tous ceux qui se reconnaissent ne lui se sentent concernés. On aime se mentir et faire croire qu’on est sérieux
Après la rencontre du Camp Samory, c’est la confrontation qui se profile à l’horizon. Sauf si les concernés décident de quitter sans bruit avant le 28 février. Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré ont déjà saisi la justice. Le président du MoDeL demande au CNRD d’en faire de même : « Si l’Etat vend et il décide de récupérer, qu’il le fasse selon les procédures prévues par les lois. L’Etat doit s’adresser à la justice au même titre que les concernés parce que la justice est là pour l’Etat et pour les particuliers. Le général Lansana Conté a été Président de la République, Sékou Touré a été Président de ce pays, ils ont posé des actes. Quand on décide de remettre en cause ces actes, on doit établir les faits à travers la justice. On ne peut pas venir chez les gens, leur donner un deadline avec arrogance ».
Aliou Bah conseille au CNRD d’aller avec tact, de se méfier de ceux qu’il qualifie d’applaudimètres : « Ils (Sidya Touré et Cellou) tiennent des discours responsables, ils ont pris la peine d’exhiber tous les documents qu’ils ont pour clarifier les choses. Ils ont fait ce qu’ils pouvaient faire…Il y a des gens en Guinée, quand ils vous applaudissent dites-vous que vous êtes en train de vous enfoncer. Ils doivent faire très attention et ne pas considérer un éventuel recul comme une faiblesse ».
Yacine Diallo