Le 5 février a eu lieu la scission inaugurale du CNT (Conseil National de la Transition) qui fait office de parlement à l’hémicycle rectangulaire du Palais du peuple, à Conakry. Nommés le 23 janvier, les 81 membres qui ont été installés devront voter les lois, élaborer une nouvelle Constitution, suivre la mise en œuvre de la feuille de route de la transition, contribuer à la défense et à la promotion des droits de l’Homme, et enfin contribuer à la promotion de la cohésion nationale. La cérémonie s’est déroulée en présence du premier ministre Mohamed Béavogui, les membres du CNRD, le chef d’état-major général des armées, Le haut commandant de la gendarmerie nationale, le président de l’assemblée nationale de la Sierra Leone et le président du CNT du Mali.

De l’installation officielle

C’est dans l’hémicycle archicomble que Fodé Bangoura président de la Cour suprême a procédé à l’installation officielle des membres du CNT. Il a indiqué que le mandat des conseillers nationaux court à partir de la date de nomination et prend fin dès la mise en place d’une Assemblée Nationale. Tout mandat impératif est nul.

Le président de l’Assemblée nationale de la Sierra Leone, après avoir exprimé sa solidarité à la Guinée, a invité les autorités à élaborer un chronogramme raisonnable pour un retour à l’ordre constitutionnel.

Dansa Kourouma veut rassurer

Dans un très long discours, Dansa Kourouma, président du CNT a exprimé sa volonté et celle des conseillers de travailler exclusivement dans l’intérêt des populations, notamment élaborer des lois et une Constitution solide. « Je suis conscient de l’enjeu mais aussi de la responsabilité qui incombe au Conseil National de la Transition dont j’ai la charge de conduire les destinées aujourd’hui. Nous sommes la voix du peuple qui donnera la garantie démocratique faisant foi aux convictions que nous incarnons et à l’espoir d’une Guinée meilleure. J’ai conscience que le changement radical des mécanismes qui amènent les élites au pouvoir et leur permettent de s’y maintenir quasi indéfiniment doit être définitivement résolu. Plus que jamais, nous dévons écrire une Constitution qui ne sera pas facilement modifiable par les pouvoirs constitués. L’entrée en fonction de ce Conseil National de Transition à un moment où les guinéens se regardent et s‘interrogent sur l’avenir du pays vers lequel ils se projettent. Car les guinéens veulent croire, ils veulent espérer, ils veulent rêver malgré les vicissitudes de l’histoire récente de notre nation qui les poussent au scepticisme et au doute ». Le nouveau président du CNT promet de travailler en excluant toutes considérations porteuses de clivages déplacés et de division factices susceptibles d’influer négativement sur le projet de renouveau national en cours. « Nous veillerons à trouver les meilleures articulations qui vaillent pour la nouvelle Constitution. Afin que celles-ci repose désormais sur son inviolabilité par des esprits en proie à la tentation de la mal gouvernance et des dérives qui ont causé tant  de torts à notre pays ». 

Des maux qui gangrènent le Pays

 Dansa Kourouma n’a pas manqué de dénoncer  les maux qui gangrènent le pays depuis l’indépendance. Il a particulièrement mis un accent sur la gouvernance du prési Alpha Grimpeur ces dix dernières années.  « Ces dernières années, le peuple éreinté, las de manifester sans succès, excédé face à un exercice révoltant de la puissance publique s’était fléchi à observer, souffrant en silence face à une autocratie rampante qui étouffait dans ses tentacules tout espoir de bien-être. Le respect des libertés individuelles et publiques à tous les niveaux de la vie nationale, la déliquescence de l’Etat obstruait toute progression vers l’éradication de la pauvreté. Les espoirs suscités par les élections pluralistes se sont vites estompés, cédant imparablement sous les assauts répétés d’un système incapable de prendre ses responsabilités, sourd aux cris de détresse du peuple. Notre économie agonisant sous la corruption et les mauvais choix politiques, ne parvient pas à créer la richesse et la prospérité qui en découle. Cette posture morale n’a jamais été la préoccupation des tenants du régime. L’exploitation des fameuses richesses minières n’a jamais profité aux guinéens. Au cours de la décennie 2011-2022, les guinéens ont vécu des épisodes douloureux parce que des milliers de personnes ont perdu la vie, d’autres leurs libertés, d’autres encore des biens, assistant impuissants à leur destruction ».

Ibn Adama