Amnesty international a publié le rapport 2021-2022 sur la Guinée. Le constat est que des dizaines de personnes ont été arrêtées arbitrairement, d’autres tuées lors de mouvements de protestation relatifs à des enjeux autour de l’exploitation minière. Personne n’a été traduit en justice pour le massacre du 28 septembre 2009 et les violences sexuelles persistaient.
D’abord, l’ONG note des détentions arbitraires. Le 8 mai 2021, plus de 40 personnes ayant appelé à manifester ou participé à des manifestations en 2020 contre la candidature d’Alpha Condé ou sa réélection pour un troisième mandat ont été remises en liberté. Le 7 septembre 2021, sur ordre du CNRD, 79 détenus ont été libérés. Parmi eux, Oumar Sylla ‘’Foniké Mengué’’. Amadou Diouldé Diallo, journaliste, a passé près de trois mois en détention provisoire pour outrage au président Alpha Condé. Il a été libéré le 19 mai, après avoir été condamné au paiement d’une amende de Cinq millions.
L’ONG parle également de recours excessif à la force : Le 22 avril 2021, les forces de défense et de sécurité ont abattu au moins deux personnes et fait plusieurs blessés à Kouroussa. Le 22 juin, à Gaoual, au moins deux personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées lors du déploiement de l’armée pour mater une émeute contre la « participation » des forces de défense et de sécurité à la gestion des mines d’or artisanales. D’après des témoins, des soldats ont intentionnellement frappé et fait tomber d’un pont l’une des deux victimes.
En juillet, à Siguiri, des ‘’Donzos’’ ont tiré sur 13 gendarmes venus appliquer une décision de justice relative à un conflit entre deux villages concernant l’exploitation d’une mine artisanale. Le 17 août, à Foulata (Kankan), les forces de défense et de sécurité auraient blessé par balle plusieurs personnes et incendié des maisons et des commerces, après des manifestations contre une compagnie minière qui n’aurait pas honoré son engagement d’employer des locaux.
Conditions de détention inhumaines : Mamadou Oury Barry, en détention provisoire à la maison centrale de Conakry depuis le 5 août 2020 pour « coups et blessures volontaires », est mort le 16 janvier 2021. D’après le ministère de la Justice, il est décédé à l’hôpital d’une «mort naturelle liée à une occlusion intestinale et une anémie bioclinique». Les semaines précédentes, trois autres détenus, dont des sympathisants du parti UFDG, sont morts peu après la libération de l’un d’entre eux et l’hospitalisation des deux autres, dans un état de santé catastrophique.
Si la peine de mort est abolie du Code pénal en 2016, plusieurs prisonniers étaient toujours sous le coup d’une condamnation à mort, dont certaines avaient été prononcées en 2011 après des affrontements interethniques à Galakpaye, dans la région de N’Zérékoré.
Impunité : Malgré plusieurs annonces d’enquêtes sur les homicides de manifestants, commis en 2019 et 2020, très peu d’informations étaient disponibles à la fin de l’année. En juin, le ministre de la Justice a indiqué que le tribunal de première instance de Mamou avait acquitté, faute de preuves, les personnes accusées de l’homicide d’un homme de 20 ans le 22 mars 2020 à Kégnéko, dans la région de Mamou. Le 23 octobre, une délégation du CNRD a rencontré les familles des victimes tuées par les forces de défense et de sécurité sous le régime d’Alpha Condé, leur affirmant qu’elles obtiendraient justice.
Douze ans après la mort de 157 personnes le 28 septembre 2009 dans le stade de Conakry et 100 personnes avaient également été victimes de violences sexuelles, le procès n’a toujours pas commencé, alors que l’enquête est close depuis novembre 2017.
Violences faites aux femmes et aux filles : L’Office de protection du genre, de l’enfance et des mœurs avait enregistré 331 cas de viol mi-décembre, contre 393 cas en 2019 et 374 en 2020. En dépit des efforts déployés ces dernières années par les autorités et les ONG en faveur de l’accès à la justice pour les victimes de violences sexuelles, les procédures judiciaires restent toujours entravées par les arrangements en marge des tribunaux entre le responsable présumé et la victime.
Lire rapport complet sur : https://www.amnesty.org/fr/location/africa/west-and-central-africa/guinea/report-guinea/