Du 21 au 26 mars, Dakar accueille le 9e Forum mondial de l’eau sur un thème : “La sécurité de l’eau pour la paix et le développement durable”. Les participants vont discuter de comment sécuriser cette ressource qui se raréfie au fil des ans.

Si l’on pensait que l’eau est inépuisable, les experts se sont rendu compte que non. Des parties du monde vont en manquer sérieusement et la gestion du peu d’eau disponible peut conduire à des conflits violents même entre des Etats.

Pour éviter que cela arrive ou du moins le minimiser, le forum va réfléchir à des solutions pérennes et durables comme l’explique Abdoulaye Sene, hydraulicien et secrétaire exécutif de l’évènement. Des solutions comme le « stockage sur les cours d’eau, des barrages ou avec la récupération des eaux de pluie avec des programmes de citernes dans le monde rural. Aussi adapter l’agriculture à des techniques d’irrigation économes ».

L’hydrologue Emma Haziza, fondatrice et présidente du centre de recherche Mayane, explique que l’Afrique ne manque pas d’eau, « elle manque d’infrastructures de distribution et d’assainissement. Aussi bien les milieux urbains que rurales. Vu les prévisions démographiques des pays africains, on se rend compte que dans l’avenir, on aura de plus en plus d’assoiffés et d’affamés ».

Un africain sur quatre ne dispose pas d’accès à l’eau potable, en Afrique subsaharienne 70% des habitants ne sont reliés à aucun réseau, alors que sa population pourrait doubler d’ici à 2050. Selon l’UNICEF, 500 enfants meurent chaque jour en Afrique subsaharienne à cause du manque d’eau salubre et d’un assainissement suffisant.

Qu’en est-il en Guinée

Le secteur hydraulique guinéen est confronté à d’énormes difficultés qui ont entrainé une détérioration significative de la qualité du service de la SEG, Société des Eaux de Guinée.

En 2020, selon le constat dressé par papa Koly Kourouma, alors ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement, Conakry seulement avait un besoin journalier de 400 000 M3 pour approvisionner régulièrement les ménages en eau potable alors que la capacité de production de la SEG est de 120 000 M3 soit un gap de 240 000 M3.

Selon une enquête publiée par Stat view international et afro baromètre en juillet 2020, 41% des guinéens ont plusieurs fois manqué d’eau potable ou en manque toujours d’ailleurs ; 38% utilisent des puits ou des forages pour leurs besoins en eau.

Si la quantité produite est déjà faible, elle-même n’est pas totalement rationnée. En fait la SEG dit qu’en 2014, 41% de sa production n’arrive pas aux ménages donc perdue (tuyaux qui fuitent) et 32% de la quantité produite est consommée frauduleusement.

Ce constat éloigne la Guinée de l’objectif de 75,6% de fourniture d’eau en milieu urbain fixé par le PNDES (2016-2020) et l’objectif de développement durable des Nations-Unies assigné à chaque Etat d’ici à 2030, « d’assurer l’accès universel et équitable à l’eau potable à un coût abordable », pour l’ensemble de la population.

La SEG a reçu du CNRD la mission de rectifier le tir en réactivant les projets comme le Projet d’AEP des 5 Villes (Gaoual,Tougué, Lelouma, Yomou, Lola), le renforcement du système d’AEP de la ville de Siguiri ; le projet Urbain Eau de Guinée (Accroître l’accès des populations à des services améliorés d’eau et d’assainissement dans la zone du Grand Conakry) et améliorer l’efficacité opérationnelle de la Société des Eaux de Guinée (SEG) en milieu Urbain) ; renforcement en urgence de la desserte en eau potable des villes de Kankan-Kouroussa etc.

Ces projets permettront de résorber le déficit d’eau, mais ces projets demandent 402 millions d’euro selon la SEG. Il n’y a pas de sous. Les dons de la Chine du japon, de l’AFD, de la Banque Mondiale n’ont pas suffi. Encore moins les visites sur le terrain du nouveau patron de la SEG, Aboubacar Camara. Le problème demeure et s’aggrave chaque jour. 

Diallo O