Le 5 avril, la FAO, (Organisation mondiale pour l’alimentation et l’agriculture) et le PAM, (Programme alimentaire mondial) ont alerté que 38 millions de personnes sont menacées par la faim en Afrique de l’Ouest et du Centre, à cause de l’impact du Covid-19, de la sécheresse, de l’insécurité et de la guerre en Ukraine.

Si des mesures « rapides » ne sont pas prises, près de 36 millions de personnes devraient souffrir de la faim dans cette région entre juin et août 2022, période de «soudure», c’est une augmentation de 24% par rapport à 2020.

«Parmi ces 38 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë, près de 2,6 millions seront en situation d’urgence lors de la prochaine période de soudure, de juin à août 2022», a déclaré Amadou Diop, conseiller régional pour le Bureau de la FAO au Sahel et en Afrique de l’Ouest.

Plus grave encore, environ 13 500 personnes connaîtront une situation catastrophique dans certaines régions inaccessibles de l’État de Borno, dans le nord-est du Nigeria, à cause de la mauvaise saison des pluies, conduisant à de mauvaises récoltes et à un déficit de pâturages et d’eau pour le bétail.

Un panier ménager 30 à 40% plus cher que dans le reste du monde

«Lorsqu’on leur a demandé de fournir une année de référence afin de comprendre la gravité de la situation, les personnes que nous avons rencontrées ont comparé la situation actuelle à celle que la région a connue en 2011, 2017 ou 2019, notamment en Mauritanie, dans la région du lac Tchad et dans le Sahel central. Ces années ont été exceptionnellement sèches dans le Sahel, où une sécheresse massive a touché des millions de personnes en Afrique de l’Ouest», a expliqué le Responsable principal de l’Evaluation et du suivi du PAM pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, M. Ollo Sib.

Il ressort également de la mission des experts de l’ONU au Cameroun, et même au Sénégal, «les gens s’inquiètent du coût élevé de la nourriture, en général 30 à 40% plus élevé que dans le reste du monde». Le prix des aliments a «grimpé en flèche dans de nombreux pays», réduisant l’accès à la nourriture. 

À Bol, dans la région du Lac-Tchad, les éleveurs vendent du bétail pour acheter des céréales. L’année dernière, avec un bovin vendu, ils pouvaient acheter 7 sacs de mil. «Cette année, ils n’ont que 5 sacs», a expliqué le Responsable principal de l’évaluation et du suivi du PAM pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Cette situation va s’aggraver du fait de la «chute brutale de l’aide internationale en Afrique». Le Danemark par exemple a réaffecté en mars environ 269 millions d’euros alloués à des programmes au Sahel pour financer l’accueil des réfugiés ukrainiens.

Toujours en Afrique de l’Ouest, les populations du Nord de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Togo s’inquiètent aussi «de l’expansion des activités des groupes armés vers les pays côtiers».

Cette situation a conduit à la tenue, ce mercredi d’une réunion virtuelle dit de haut niveau par l’Union européenne, le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, et le Réseau mondial contre les crises alimentaires.

Diallo O