Depuis 1958, les deux principaux courants politiques qui ont traversé la cinquième République, l’un à droite, l’autre à gauche, se sont estompés, en 2022. Déjà palpable à l’époque de Nicola Sarkozy, cette tendance s’est revigorée au fil des ans et faciliter à Emmanuel Macron de siphonner ces mastodontes dont les écuries se sont vidées de leurs étalons.
Sans couleur ni expérience politiques, recommandé par Jacques Attali à François Hollande, Macron ratisse large à droite comme à gauche et parvient à constituer autour de sa personne suffisamment de monde pour défier les politiciens et se lancer à la conquête du pouvoir. Il a jaugé la situation et compris qu’il peut tirer profit des querelles de clocher dans lesquelles sont empêtrées les grandes formations politiques.
A droite, les ténors s’affrontent dans une primaire fratricide où les propos rabat-joie fusent : « Qui peut imaginer le Général de Gaulle mis en examen ! », lance Fillon malicieusement, à Sarkozy. Après pareilles passe d’armes, il était difficilement envisageable de construire une unité autour du candidat de l’UMP, Fillon, malmené par la presse et refusant, de surcroit, de céder sa place au maire de Bordeaux, Alain Juppé qui jouit d’une meilleure image dans l’opinion. Dès le premier tour, il sera battu. Pour la première fois, sous la cinquième République, la droite républicaine dont le flambeau a été porté par de Gaulle, Pompidou, Giscard-D’ Estaing, Chirac et Sarkozy, ne sera pas présente, en 2017, au second tour d’une élection présidentielle.
A gauche, le président sortant, Hollande, n’a jamais eu beaucoup de panache. Il est peu charismatique. En outre, il n’a pu atteindre l’une de ses principales promesses de campagne, à savoir renverser la tendance haussière du chômage. Lorsque les mesures qu’il aura engagées à cet effet produiront des effets et que la courbe du chômage s’affaissera, il ne sera plus à l’Elysée. Affaibli, il est soumis à l’humiliante épreuve de la primaire. Il ne s’y soumet pas préférant se retirer de la course. Il faut dire que ni Macron son jocker et ancien ministre des finances ni son Premier Ministre Valls ne l’ont point soutenu dans sa tentative de conserver le pouvoir. Hamon qui se chargera du lourd fardeau de représenter le PS ne fera pas le poids et sera éliminé au premier tour. Comme la droite républicaine, la gauche traditionnelle (socialistes et communistes) sera absente au second tour de cette présidentielle. Mitterrand, Ségolène Royale et Hollande y sont déjà parvenus. Mais les éléphants du parti ont pris, pour nombre d’entre eux, leur retraite.
L’élection de 2022 a été le Waterloo de ces deux rassemblements qui ont connu une véritable descente aux enfers. Anne Hidalgo(PS) et Valérie Pécresse (LR) ont tout bonnement coulé. Elles n’ont même pas engrangé 5% des voix.
Abraham Kayoko Doré