Depuis quelques mois, les acteurs sociaux politiques réclament un cadre de dialogue au CNRD pour discuter de la durée de la transition. En lieu et place du cadre demandé, c’est finalement un tout autre Cadre de concertation inclusif inter guinéen qui a été imposé par décret le 6 avril. Une inadéquation entre les attentes exprimées par les Forces vives et la réponse de la junte militaire. D’ailleurs, en son article 2, le décret instituant le Cadre inclusif indique qu’il est placé sous l’autorité du ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation.
Pour le Président du CNRD, ce Cadre doit être un espace de propositions entre les Forces vives de la nation et le Gouvernement. Il appartiendrait ainsi au Ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation de rendre compte périodiquement de l’évolution des concertations au Premier ministre.
« Pourquoi, les forces vives de la nation ne doivent pas accepter d’avoir le MATAP comme interlocuteur ? »
D’abord, il faut rappeler que l’article 36 de la Charte de la transition est clair sur les organes de la transition. Il s’agit du CNRD, du Président de la Transition, du Gouvernement de la Transition et du Conseil National de la Transition, CNT.
Ensuite, la même Charte indique en son article 37, que le CNRD est l’organe central de la définition et d’orientation stratégique de la politique économique, sociale, culturelle et de développement du pays. Il est le garant de la sécurité et de la cohésion nationales, de la stabilité et de la paix. Il est composé des éléments des Forces de défense et de sécurité de la République de Guinée (Armée, Gendarmerie, police, protection civile, douane et conservateur de la nature). Il a, par conséquent, clairement indiqué à l’article 77 de la Charte que la durée de la transition doit être fixée de commun accord entre les Forces vives de la nation et le CNRD.
En effet, les Forces vives de la nation ont pour seul interlocuteur, le CNRD. En aucun cas, le Gouvernement a fortiori un ministre de l’Administration du territoire ne doit être interlocuteur des Forces vives de la nation, pour discuter de la durée de la transition. C’est pourquoi les acteurs sociopolitiques ne devraient pas avoir le ministre Mory CONDÉ, comme Interlocuteur, pour parler de ce sujet.
Aujourd’hui, les acteurs sociopolitiques qui portent la voix de nombreux citoyens doivent se montrer conséquents et réclamer des discussions franches et sincères avec le CNRD en vue de fixer enfin la durée de la Transition. Il est temps de finir avec cette Transition, pour permettre aux populations de choisir librement ceux qui doivent les diriger dans les prochaines années.
Au CNRD de comprendre qu’il tire sa petite légitimité du soutien des voix nombreuses et c’est seulement avec ce grand ensemble que cette Transition doit réussir.
Nous n’avons pas besoin d’arrogance chez nos gouvernants. Nous avons déjà vu les limites de l’arrogance avec le régime déchu.
Aujourd’hui, il faut être conséquent et répondre aux aspirations des populations guinéennes, qui, durant cette décennie, se battent pour la démocratie et l’État de droit.
Le CNRD gagnerait mieux à revenir aux fondamentaux d’une Transition. Il faut faciliter le retour à l’ordre constitutionnel.
NOTRE PAYS doit être dirigé par des personnes issues des suffrages du peuple de Guinée.
Abdoulaye Oumou Sow,
Journaliste/Blogueur,
Responsable communication du FNDC