Le lundi 4 avril, Ibrahima Kassory Fofana, le dernier Premier ministre d’Alpha Condé, a été auditionné par les enquêteurs de la Direction centrale des investigations judiciaires de la gendarmerie nationale. Il n’était pas seul à être auditionné, par les agents commis par la CRIEF, Cour de répression des infractions économiques et financières. Des ministres de son équipe ont été aussi entendus : Oyé Guilavogui, ex-ministre de l’Environnement, des Eaux et Forêts, Diakaria Koulibay, ancien ministre des Hydrocarbures. Celui-ci a quitté vers midi la Direction centrale, avant d’y revenir aux environs de 14 heures, pour poursuivre l’audition. Tout porte à croire qu’il était allé chercher des documents. Mais à sa sortie, il avait confié sa langue aux chats. 

Ils sont tous poursuivis pour des faits de corruption, de détournement des deniers publics, d’enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux. Au total, 37 dignitaires du régime d’Alpha Condé sont concernés.

Ibrahima Kassory Fofana intronisé à la tête du Rpg arc-en-ciel sur fond de division, le 31 mars dernier, fait face à sa première confrontation d’ordre judiciaire avec le CNRD, Comité national du rassemblement pour le développement, déterminé à traquer les « fossoyeurs » de l’économie, via la Cour des répressions des infractions économiques et financières. Or, l’on espérait dans son camp que son nouveau statut de dirigeant confirmé du Rpg arc-en-ciel lui servirait de bouclier contre des tels ennuis avec la junte.

Durant des longues heures, ces anciens dignitaires du régime déçu faisaient face aux enquêteurs de la CRIEF, avant de regagner tard leurs domiciles respectifs, selon des confrères.

Des journalistes agressés

A l’arrivée d’Ibrahima Kassory Fofana à la Direction centrale des investigations judiciaires de la gendarmerie nationale à 10 heures, les journalistes Mamadou Yaya Barry du site Mediaguinee et Oumar Bady Diallo d’Africaguinee, voulant prendre en photo le patron du RPG arc-en-ciel, à son entrée à la Direction centrale, ont été agressés, injuriés, brutalisés par une dizaine de militants du parti. Ils se sont opposés au travail des journalistes. Les téléphones des journalistes ont été aussi confisqués par les jeunes Rpgistes qui ne souhaitent pas que leur leader soit photographié par la presse. « On ne peut pas le prendre en photo, car c’est une manière de ternir son image », soutiennent-ils. Au bout des altercations, ils ont récupéré leurs appareils, mais les images ont été supprimées. Dans l’après-midi, le parti a réagi dans un communiqué. Il invoque une échauffourée en lieu et place d’une agression contre les journalistes. 

A 18 heures, une altercation a opposé de nouveau les militants du Rpg arc-en-ciel aux journalistes, à la suite d’une publication des communications du parti sur Facebook traitant les journalistes de paparazzis. En guise de protestation, les journalistes ont boycotté la rencontre.

Yaya Doumbouya