Le Cadre de concertation inclusif a été lancé le vendredi 15 avril au Palais Mohammed V. Nous avons recueilli la réaction de certains leaders politiques. Bon appétit !
Lansana Kou-raté, prési du PEDN (Parti de l’Espoir pour le Développement National) «Il ne peut pas y avoir de changement dans un pays sans que tous les acteurs ne s’asseyent et discutent. C’est la seule clé. Sinon, il faut aller confier notre sort au sort. Ce qui n’est pas souhaitable pour notre pays. C’est la première fois aujourd’hui qu’un cheminement nous est donné. Ce n’est plus la pensée unique, dès lors qu’on accepte de s’asseoir, discuter et tirer ce qui est solide pour éviter l’éternelle alternance entre démocratie et coup d’Etat. Le travail qui nous est présenté aujourd’hui nous en donne déjà une idée: c’est un menu que nous modifierons en fonction de l’entente que nous aurons. Et nous apporterons nos points de vue clairs, nets et surtout responsables pour que notre pays ne vive pas des lendemains incertains. Je suis absolument convaincu que l’appel que le Premier ministre vient de lancer aux autres qui ne sont pas là sera entendu.»
Ousmane le Doré, prési du MND (Mouvement National pour le Développement) «L’objectif était de trouver ce point de dialogue permettant à la classe politique d’apporter sa contribution, ses recommandations, son avis sur toutes les questions de la transition. Nous étions d’accord que la classe politique avait un rôle à jouer. Il était dit dans le mémorandum que nous souhaitons associer les autres acteurs de la société civile pour former les forces vives de la nation en vue de mener cette transition à bon port. Je remercie le gouvernement d’avoir accepté cette main tendue. Mais à l’arrivée, nous constatons que certains de nos collègues ne sont pas là. Je dois vous dire que franchement, le dialogue c’est quelque chose qui concerne la vie de la nation».Il dit être agréablement surpris du travail en vue de l’organisation des élections. «Nous étions conscients du fait qu’il y avait un travail qui était en train d’être fait et c’est ce travail qui vient d’être présenté pour aller à l’ordre constitutionnel. Ce n’est pas l’objectif qu’il faut voir, c’est la démarche qu’il faut suivre pour arriver à l’objectif. Le test acide de la réussite de cette transition, c’est de savoir qu’on a organisé dans notre pays pour la première fois, des élections libres transparentes et dont les résultats ont été acceptés par tous. Je pense qu’il n’y avait pour nous aucune fixation sur la durée de la transition. Maintenant que nous avons ces éléments, il y a le cadre de dialogue: chaque parti, chaque coalition est à même de regarder ces activités qui semblent primordiales pour nous, afin qu’il y ait des élections acceptées par tous. Cela nous permettrait de fixer la durée de la transition qui est dans l’esprit de tout le monde».
Siaka-bijoutier Barry, prési du parti MPDG (Mouvement Populaire Démocratique de Guinée) interpelle le Premier ministre Mohamed Béant de faire en sorte que toute la classe politique se retrouve pour dialoguer. «Aujourd’hui, il y a plusieurs coalitions de partis politiques qui, pour des raisons ou pour d’autres, ont décidé de leur libre chef de boycotter les présentes concertations. Or, la loi fait obligation au Premier ministre d’être facilitateur du dialogue inclusif national. Il est donc de votre devoir monsieur le Premier ministre d’induire dans votre démarche gouvernementale une dimension diplomatique. Levez-vous, prenez votre bâton de pèlerin, allez vers ces frères avec qui je ne suis pas d’accord, mais comme le disait Montesquieux: «Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous l’exprimiez». Allez les trouver, allez pour qu’ils expliquent leur frustration, pour qu’ils vous regardent dans les yeux pour vous dire ce qu’ils ont sur le cœur. C’est à ce prix que nous pouvons sauver ces concertations. C’est à ce prix que ces concertations que vous désignez par le sigle CCI «Cadre de concertation Inclusive» sera différent du cadre de concertation partielle (CCP). Quelqu’un a dit que le drame de notre siècle, c’est que les êtres humains construisent des murs entre eux que des ponts entre eux. Alors construisons des ponts entre nous. Essayons de casser les murs d’incompréhension entre nous. Monsieur le Premier ministre, chers membres du gouvernement, je vous salue très sincèrement d’avoir pris l’initiative de faire un début de construction de ce pont entre nous, car l’exercice d’aujourd’hui se fait dans la construction de ce pont. Mais nous constatons que certains refusent d’emprunter ce pont. Alors prenez votre pirogue, allez les chercher de l’autre côté de la rive.»
Ibn Adama