Inculpé, puis mis sous mandat de dépôt le 23 février 2022 par la CRIEF (Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières), pour détournement présumé de deniers publics, Souleymane Traoré, ex-directeur général du FER (Fonds d’Entretien Routier) écrit au ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Dans la lettre signée le 5 avril, déposée au ministère le 6 avril 2022, le bagnard dénonce la violation de ses droits fondamentaux et les principes sur lesquels repose le système judiciaire dans la procédure menée contre lui à la CRIEF.
«Présumé coupable, je suis incarcéré depuis plus d’un mois bien qu’ayant fourni toutes les garanties de responsabilité dont celle du Bâtonnier de l’ordre des avocats en ma qualité d’avocat inscrit au tableau. Suite à l’appel contre la détention provisoire, la Chambre de contrôle a exigé la faramineuse somme de 30 milliards de francs guinéens comme caution pour la liberté provisoire, un record de l’histoire judiciaire du pays ».
Selon Souleymane Traoré depuis plus d’un mois aucune audition n’a été programmée par la Chambre de l’Instruction. «Dans mon cas, je suis obligé de croire que j’ai été jugé coupable avant d’être entendu, et condamné avant d’être jugé». Il pense que la détention provisoire a été utilisée pour obtenir une caution en espèces, afin de servir d’aveu de culpabilité et établir l’efficacité de la CRIEF en matière de recouvrement. «Ce n’est ni la forme au droit ni juste», clame-t-il avant de conclure : «Je veux bien croire à la séparation des pouvoirs, mais en période d’exception et devant la Cour d’exception, vous comprendrez aisément les questions multiples que je me pose devant cette procédure spéciale qui m’est appliquée.»
Ibn Adama