Jusque-là, la récupération des domaines de l’Etat s’opérait dans le Grand Conakry, avec à la manœuvre le CNRD, Comité national du rassemblement pour le développement. L’opération touchera désormais l’intérieur du bled, avec des nouveaux acteurs qui entrent en scène.
La junte semble jalouse du record de casse de domiciles au compteur d’Ibrahima Courroux-ma, le dernier ministre Casse-Casse, de la Ville et de l’Aménagement du trottoir d’Alpha Grimpeur. Mamadi Doum-bouillant, le Prési de la Transition, accélère la récupération des domaines de l’Etat. Elle se fera dorénavant partout dans le bled. Le 13 avril au Palais Mohammed V, Mamadi Doum-bouillant a donné des «fermes» instructions aux gouverneurs, préfets sur lesquels il compte conduire le déguerpissement à l’intérieur du bled. Mais, l’opération, précise-il, ne «vise personne» et n’est «orientée contre aucune communauté ou individu». Allez savoir !
«On doit pouvoir récupérer les domaines de l’Etat. Il faut les récupérer, c’est clair et net. On ne va pas reculer. Je pense que dans Conakry et le Grand Conakry, le CNRD a récupéré certains domaines. On va continuer l’opération », promet-t-il.
Au nombre des domaines dits récupérés, les résidences de La Petite Cellule Dalein Diallo et de Sid de l’Ufr en février dernier. Celle de La Petite Cellule Dalein Diallo a été démolie alors que l’affaire est pendante devant la justice. Sur les gravats, va pousser une école primaire publique de 18 salles. La pose de la première pierre a eu lieu le 8 avril. Toutefois, l’opposant compte sur la boussole de la justice qui semble, pour l’heure, avoir perdu le Nord.
Le Prési Mamadi Doumbouya et son CNRD se montrent plus déterminés à récupérer tout lopin de terre de l’Etat qu’Ibrahima Courroux-ma, ministre de la casse de Kaporo-Rails, Kipé 2 et Dimesse, en 2019, une affaire également pendante devant la Cour de justice de la Cédéao.
«Vous aussi à l’intérieur du pays, il faut récupérer tous les domaines de l’Etat, sans état d’âme et en même temps, proposer des projets. Il ne s’agit pas tout simplement de récupérer des domaines, mais avoir des projets et des propositions de bas en haut, pour qu’on puisse les prendre en compte», ordonne le Prési à ses préfets et gouverneurs. Justement, c’est là où le bât blesse. Car casser sans caser et valoriser les domaines relèverait de l’amateurisme. C’est une source de frustration et d’indignation.
«Les opérations de récupération des domaines de l’Etat doivent se poursuivre sur toute l’étendue du territoire nationale sans exception aucune. Tous les domaines de l’Etat doivent nous revenir, comme le prévoit les lois de la République. Chaque domaine de l’Etat, chaque bien public doit être récupéré dans toutes les circonscriptions et collectivités locales. C’est un engagement essentiel auquel nous avons souscrit et que nous devons absolument tenir pour le bien de notre pays », insiste le Doum-bouillant.
Armada de casseurs !
Etaient également présents à la rencontre du 13 avril au Palais Mohammed V, les hauts cadres civils et militaires du bled : chef d’Etat-major général adjoint des armées, Haut-commandant de la gendarmerie nationale et dirlo de la Justice militaire, commandants de région, dirlo général des Douanes, dirlos régionaux de police, dirlos préfectoraux de l’Habitat, conservateurs fonciers et de la nature.
Dadis Show s’était engagé aussi à récupérer les domaines de l’Etat en 2008, très craint à l’époque, n’avait pas mobilisé pareille armada. Alpha Grimpeur et son ministre Ibou Casse-Casse non plus.
Le Prési Mamadi Doum-bouillant soutient que le CNRD s’attellera à faire le bilan de l’opération à Cona-cris, car l’objectif est, rappelle-t-il, de rendre à l’Etat ce qui lui appartient.
Professionnalisme et éthique à l’épreuve
«Nous nous sommes fermement engagés à poursuivre ces travaux à l’intérieur du pays. Nous allons nous baser sur la loi pour exécuter les instructions, dans le strict respect des droits de l’Homme », déclare le commissaire divisionnaire Moriba Théa, dirlo régional de la flicaille de Boké. Pour le Prési Mamadi Doum-bouillant, exécuter l’opération «c’est de rendre à l’Etat ce dont il a été injustement dépouillé». Mais cela ne peut se faire «sans pédagogie pour expliquer à la population le bien-fondé de nos actions. Sans le soutien et l’engagement de tout un chacun, principalement les gouverneurs de région, les préfets et les hauts cadres de l’Etat que vous êtes, ce sera difficile. C’est en ce sens qu’en vos qualités des premiers représentants de l’Etat dans vos gouvernorats et préfectures que je vous demande de mener ensemble ces activités, dans vos juridictions respectives. Je tiens à ce que ce soit fait avec professionnalisme et beaucoup d’éthique ». Amen !
Yaya Doumbouya