En 2012,  la SOTELGUI, la société de téléphonie guinéenne, a été officiellement fermée pour une faillite due à la mauvaise gestion antérieure. En 2013, une année après la faillite, le gouvernement, à travers son ministre des télécommunications, M. Oyé Guilavogui, annonce sa relance dès 2014. Il assure en substance avoir trouvé un partenariat avec Exim Bank of China pour un financement à hauteur de 50 millions de dollars et avec le groupe Huawei pour l’aspect technique avec notamment, la modernisation des équipements.

La même année, selon certaines informations, le ministre précise que les premiers containers transportant  les équipements réseaux  pour la relance des activités télécoms de l’opérateur historique et l’extension de son réseau « sont attendus incessamment. Le dernier de ces containers est attendu à Conakry avant la fin de mars 2014. » Ce qui veut dire qu’il y a eu des décaissements de fonds entre la Chine et la Guinée pour la relance effective de la Sotelgui car, d’après le ministre lui-même, « la Sotelgui va retrouver sa position de leader avant la fin de l’année 2014. Je peux faire cette promesse à tout le peuple guinéen. ( …) Quand on en aura fini la modernisation et l’extension, la gestion intérimaire sera confiée à une société qui va être recrutée par appel d’offres pour une durée de deux ans (…) C’est après ces deux années que nous allons ouvrir le capital de la Sotelgui. Les actions seront vendues aussi bien aux Guinéens qu’aux étrangers ». On était en 2014!

En 2015, le ministre Oyé Guilavogui fait entendre que la Sotelgui pourrait relancer ses activités au plus tard fin août 2015. Il précise : « On a fini d’installer les 61 sites de Conakry. Les équipements sont venus pour les capitales régionales. Ils seront installés très bientôt. Dans les conditions normales, au mois d’août, toutes ces capitales régionales seront installées.  Donc, nous allons procéder après au lancement du réseau… D’ici la fin du mois d’août, la Sotelgui sera opérationnelle ». C’est  quasiment une confirmation de circulation d’argent  qu’il y a eu-là. Des achats ont été faits et effectivement, la SOTELGUI devrait être relancée! Maintenant nous sommes en 2022, où en est-on ?

En 2016, c’est Moustapha Mamy Diaby, « l’ami des sociétés privées de la place, »  qui arrive à la tête du Département. Depuis, on n‘a plus parlé de SOTELGUI! On se souvient qu’en présence même du Ministre Guilavogui, la Commission Communication du CNT, première version, avait voté contre la ratification du  prêt des 50 millions de dollars accordé à la Guinée par Exim Bank pour réformer la Sotelgui. Justification de ce vote négatif : le Burkina Faso venait de vendre 30 % des actions de sa société nationale des Télécommunications à 214 millions d’euros. Plus tard, dans un entretien avec la Commission Communication, Arts et Cultures de l’Assemblée nationale après le CNT, Oyé Guilavogui avait déclaré que « les 50 millions de dollars prévus pour relancer la Sotelgui ne suffisent pas… Même 100 millions de dollars ne suffiront pas. Il faut un partenariat dynamique public-privé pour donner vie à ce patrimoine afin qu’il concurrence les opérateurs téléphoniques implantés dans le pays ». C’est donc de cette manière qu’il aurait pu convaincre le Président Condé d’abandonner le projet de relance.

Maintenant, il faut espérer  qu’avec la CRIEF, le temps est opportun d’interpeler Oyé Guilavogui et d’autres acteurs  sur «l’affaire Sotelgui.» Que s’est-il réellement passé ? Est-ce c’est vrai que les équipements renouvelés ont été vendus à d’autres sociétés de la place ? Pourquoi Oyé Guilavogui avait-il été remplacé en 2016 alors qu’il avait « presque » terminé les travaux de relance de la société ? C’est quoi, une mafia ?

P-B