Ce 21 avril à Cona-cris, le FNDC, Front national pour la défense de la Constitution a évalué la durée de la Transition à vingt-quatre mois, à compte du 5 septembre 2021, le jour du putsch. Le Front attend du CNRD, Comité national du rassemblement pour le développement sur ces chantiers : surveiller l’équilibre macro-économique, créer un cadre de dialogue et de concertation tripartie et permanent (junte, forces vives et communauté internationale), mettre en place des organes de la transition, gérer les affaires courantes de l’Etat, ouvrir des enquêtes sur les crimes de sang à l’effet de tenir des procès.

La CRIEF est créée pour juger les crimes économiques. Quand pour les crimes de sang ?

Si la junte prévoit la rédaction d’une nouvelle constitution par le Conseil national de la Transition, le Front, lui, suggère la révision, puis l’adoption de la Constitution de 2010, par référendum. Et pour cause, il aurait fait l’objet de « consensus à son adoption » et a été obtenu au prix de «lourds sacrifices». Le FNDC suggère aussi la priorisation de la révision des lois organiques ayant des incidences sur le processus électoral en vue d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Il s’agit de la loi électorale, de la loi sur la Cour constitutionnelle, de la loi sur la Cour des comptes. Or, le CNRD propose de doter les instituions issues de la future nouvelle Constitution des lois organiques.

Ordre des élections

Le CNRD voudrait organiser un recensement général du populo afin de mettre en place un fichier électoral qui servira aux différentes élections. Pour le Front, ce n’est pas la peine. «Sur la base du dernier audit du fichier électoral effectué par les experts de la CEDEAO en 2020, le FNDC opte pour le recrutement d’un opérateur compétent pour la révision de l’actuel fichier électoral afin de donner la possibilité aux citoyens en âge de voter de s’enrôler », déclare Ibrahima Diallo, le chargé des opérations du FNDC. En ce qui concerne l’ordre des échéances électorales, le Front propose un référendum constitutionnel, le couplage des élections communales et législatives, puis la présidentielle. Contrairement à la proposition de Mamadi Doum-bouillant qui envisage d’organiser les élections locales, les élections législatives et enfin l’élection présidentielle.

Incertitudes et risques

« Dans un contexte sociopolitique et économique aussi délétère que celui actuel de la Guinée,  l’absence de dialogue et de concertation inclusifs et constructifs entre le CNRD et les forces vives de la nation sur le contenu, la durée et le chronogramme de la transition pour un retour à l’ordre constitutionnel rapide, présente des risques de soulèvements populaires certains », prévient le FNDC. Selon qui, le risque est déjà perceptible à travers la montée « progressive des tensions palpables» dans les déclarations des forces sociales et politiques, lesquelles « n’excluent pas » de prendre la rue. Côté junte, les mêmes risques s’affirment, selon le FNDC, dans les actes qu’elle pose, ainsi que des signes «d’agacement, d’intolérance, d’allergie à la critique ». Le Front dénonce une Transition à mille inconnues, sans tableau de bord.

« Le FNDC invite le CNRD au sens de responsabilités pour faire siennes les leçons tirées de l’échec du CNDD. Le FNDC exhorte le colonel Mamadi Doumbouya à ne pas se plier aux sirènes divisionnaires, fractionnistes, au grand dam de la cohésion sociale, de la réconciliation nationale. Le Front invite la junte à faire preuve de retenue afin de ne pas verser dans la chasse aux sorcières à travers l’instrumentalisation de la justice ». Pourvu que cet appel tombe dans de bonnes oreilles !

Yaya Doumbouya