A l’étranger depuis des mois, La Petite Cellule Dalein Diallo s’était muré dans un silence assourdissant. La boss de l’UFDG l’a rompu, le 25 mai, à l’occasion d’un rassemblement de ses militants à Banjul (Gambie). Il est revenu sur la récupération des biens de l’Etat, le forcing du CNRD sur les 36 mois de durée de la transition ou encore sur un éventuel dialogue avec les nouvelles autorités.

Cité devant la CRIEF à propos de la vente d’un avion d’Air-Guinée quand il était ministre des Transports, sorti de sa tanière de Dixinn-port, La Petite Cellule Dalein vit désormais ce qui s’apparente à un exil, entre le Sénégal, la France et d’autres pays de la sous-région ouest-africaine. Depuis sa sortie du bled, de l’eau a coulé sous les ponts. Sa maison a été démolie avant même que la procédure judiciaire qu’il a initiée n’arrive à son terme, son domicile de Labé et sa plantation de Coyah visés par le patrimoine bâti public. La prise de parole de La Petite Cellule Dalein en public devenait, malgré tout, très rare.

En séjour dans la capitale gambienne, le 25 mai, le leader de l’UFDG a juré sur le palpitant que ces agissements du CNRD ne l’affectent pas outre mesure : «On m’a enlevé ma maison que j’ai acquise en toute transparence, on l’a réduit en poussière, alors que la justice n’avait pas statué. Vous vous demandez  si cela ne m’a pas découragé. Non, pas du tout. Avant moi, d’autres ont perdu la vie. On a démoli des maisons qui sont des propriétés pleines à des citoyens, on a décimé du bétail, emprisonné, chassé des citoyens. Je ne suis pas supérieur à tous ces gens-là…Si c’est parce qu’on m’enlève ma maison, je dis que c’est terminé, je ne me bats plus, et les autres qui ont perdu la vie alors? Si moi, parce qu’on m’a enlevé 2 200 mètres carrés, je dis que je suis fatigué, c’est que je ne suis pas digne de votre confiance ».

L’opposant demande à ses partisans d’être prêts à continuer la lutte : « Je suis déterminé aujourd’hui plus qu’hier à combattre l’injustice, à me battre pour l’instauration de la démocratie et de l’État de droit dans notre pays. Mais, il faut que vous aussi vous soyez prêts. En tout cas, moi, ils ont coché la maison de Labé, ils ont réduit la maison de Conakry en poussière, j’avais une petite plantation à Coyah, ils ont dit que c’est pour l’État, ça ne me dérange pas ».

L’ANAD, coalition à laquelle appartient l’UFDG a été parmi les premières à soutenir ouvertement le coup de force du 5 septembre 2021. La Petite Cellule Dalein Diallo et ses pairs espéraient des nouvelles autorités une transition de courte durée qui aboutira à un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Elle avait même proposé un chronogramme de 15 mois. Mais aujourd’hui, le fossé entre eux et la junte est plus que grand. Le CNRD fonce sur ses trente-six mois que le CNT a entérinés. La tension reste à son comble, la Petite Cellule Dalein, lui, demande toujours une dialogue géré par un facilitateur international : «Nous avons demandé qu’il y ait un dialogue, d’accepter que la CEDEAO désigne un facilitateur parce que les Guinéens ne se font pas confiance…S’il n’y a personne à nos côtés pour nous aider, qui rappelle ce qui a marché ailleurs et nous demande d’accepter ça, ça ne peut pas marcher…Nous voulons que ça marche et qu’on s’entende, mais pour cela, il faut qu’on ait un facilitateur ».

Il se murmure que le CNRD caresserait le rêve d’envoyer les poids lourds de la scène politique à la retraite. La Petite Cellule Dalein Diallo espère toujours conquérir le pouvoir pour : «rassembler les Guinéens, les réconcilier et promouvoir le développement. Je sais le faire, j’en ai la volonté. Je suis croyant, Dieu le sait. Je veux être celui qui réconcilie les Guinéens, qui restaure l’égalité des droits et des chances et qui développe le pays ». En attendant, le CNRD continue de dérouler son agenda.

Yacine Diallo