Entre le CNRD et les poids lourds de la classe politique, le point de non-retour semble atteint. Pour un retour à l’ordre constitutionnel, la junte militaire au pouvoir mise sur une durée de 39 mois. Le colonel Doumbouya justifie cette proposition par le fait, selon lui, que les acteurs politiques aient proposé lors du cadre des concertations entre 18 et 52 mois. Mais au sein des formations politiques comme l’UFDG, l’UFR, le RPG arc-en-ciel, ou encore des organisations de la société civile comme le Forum des forces sociales, le FNDC, ce délai est loin d’être raisonnable.

 Ils accusent le CNRD de vouloir s’éterniser au pouvoir et appellent déjà leurs sympathisants à se mobiliser pour lui barrer la route. Un appel qui n’est pas du goût des proches de la junte. Sur FIM fm, Kéamou Bogola Haba a annoncé la création d’un Front national pour la défense de la transition et a accusé les acteurs politiques de chercher à saboter la transition, pour empêcher la reddition des comptes : «Dans cette transition, l’armée n’a que deux missions : celle de faire le nettoyage et d’organiser les élections. Mes amis politiques veulent sauter la partie nettoyage, c’est là le désaccord total entre nous… On ne peut pas, pour la défense d’un seul individu, de trois leaders de l’ANAD ou d’une autre formation, sacrifier la lutte contre l’impunité. Aujourd’hui, on veut garantir l’impunité à tous ceux qui ont géré et qui ont pris l’argent de l’Etat. On ne peut pas continuer comme ça. Nos frères veulent coaliser contre l’armée, comme au 28 septembre 2009. En 2009, c’est l’UFR, l’UFDG, le RPG qui ont coalisé contre les militaires. Certains se sont d’ailleurs partagé six milliards de francs guinéens par après. Ils veulent utiliser la même recette, parce qu’ils veulent s’opposer à la réforme. Mais cette fois-ci, nous nettoyons complètement avant d’aller aux élections ».

L’ancien membre de l’ANAD se dit convaincu que les politiques cherchent à ternir l’image du chef de la junte, en organisant des manifestations : « Ils vont organiser des manifestations, il y aura trois, quatre morts, Doumbouya ne parlera plus de reformes, il va se mettre à se justifier comme Dadis. Après le 28 septembre, le pauvre Dadis, tout son problème, c’était comment prouver qu’il n’a pas tué 150 personnes. Je pense qu’ils ont un plan pour déstabiliser la transition, parce que rien ne justifie une manifestation pour l’affaire de chronogramme… Il faut qu’on discute autour de la table, parce qu’on n’acceptera plus que des personnes puissantes s’adossent à des communautés pour manipuler l’opinion ».

Yacine Diallo