Depuis 2018, une crise mine le Basketball guinéen. Deux camps se disputent la tête de la fédération. Le camp de Sakoba Kéïta, président reconnu à l’époque par le régime d’Alpha Condé et celui d’Amadou Camara qui dénonce une violation des textes régissant le secteur. Ces derniers ont animé un point presse ce mardi 17 mai, pour interpeller les nouvelles autorités.
La crise est partie de l’organisation d’un congrès extraordinaire en février 2018 à Kamsar (Boké). Sakoba Kéïta, arrivé à la fédération guinéenne de Basketball en 2011, devait partir après ses deux mandats. Mais il décide d’organiser ce congrès pour changer les règles du jeu, pour pouvoir briguer un 3e mandat : « Nous nous battons, parce qu’il y a eu violation des textes de lois. Le combat que nous menons n’est dirigé ni contre la personne de Sakoba ni contre une autre personne… Sakoba était de l’ancienne équipe, il gérait la commission compétitions au sein de la FEGUIBASKET. Il fait partie de ceux qui ont voté la limitation de mandats », explique Amara Babila Kéïta, vice-président de la Fédération guinéenne de Basketball, version Amadou Camara. Selon lui, la seule cause de cette crise est la volonté de Sakoba de s’éterniser à la tête de la fédération : «Le problème est né parce qu’il a voulu changer les textes à quelques mois du congrès… Il a fait un congrès en février 2018, juste pour supprimer la limitation de mandats, mais il n’a sorti le procès-verbal qu’en novembre. Nous avons refusé de nous associer à ce congrès, nous ne le reconnaissons pas, parce qu’il est disqualifié », ajoute Amara Babila Kéïta.
Le camp d’Amadou Camara accuse l’ancien ministre des Sports, Sanoussy Bantama Sow, d’avoir couvert Sakoba Kéita et son camp : « Monsieur Bantama Sow été désinformé, dos au mur, il a soutenu Sakoba, parce que ce dernier est le frère de l’ancienne ministre Djéné Kéïta, donc proche de l’ancien pouvoir ».
Le problème est aujourd’hui sur la table de Lansana Béa Diallo, actuel ministre des Sports. Il tente de le résoudre, mais la crise persiste. Amara Babila Kéïta exhorte le ministre à trancher dans le vif : «Il est informé, il a arrêté les compétitions des deux camps, il a permis à tout le monde de s’entraîner à la salle de gymnase, parce qu’on ne peut pas appeler cela palais des sports. Mais l’autre camp a tout démonté. Les équipes ne peuvent pas s’y entraîner. Nous demandons au ministre de trancher comme le stipulent les textes. A défaut, nous voulons un comité de normalisation… Nous tenons au respect de nos textes de lois et nous y veillerons».
La FIBA, fédération internationale du Basket-ball, a tenté de rapprocher les deux parties pour résoudre définitivement la crise. Une mission a même séjourné à Conakry, mais elle n’y est pas arrivée. Le camp d’Amadou Camara soupçonne Sakoba de s’accrocher à ce poste parce qu’elle serait devenue sa vache laitière : « L’autre camp a insinué qu’il menait ses activités sur fonds propres, ce n’est pas vrai. Nous avons des preuves qu’ils ont signé un contrat de sponsonring avec Orange-Guinée en 2018, le document est disponible au Trésor public, les relevés bancaires de la fédé en font foi. C’est un contrat qui s’élève à plus de 1 milliard 400 millions de francs guinéens. Et il y a d’autres contrats, mais la trésorerie est mal gérée… La fédération reçoit également la subvention de la FIBA. Elle avait reçu une première tranche de 50 000 dollars américains, de sources sûres, la deuxième tranche de 70 000 dollars vient de tomber ».
Amara Babila Kéïta promet de porter l’affaire par devant la CRIEF : « Nous allons saisir les autorités compétentes. Aujourd’hui, la CRIEF est là, nous la saisirons parce que l’argent donné au basket doit appartenir au basket ».
Dans le camp de Sakoba, on accuse d’anciens collaborateurs, notamment Fodé Amara Condé, ancien président de cette fédé, Lancinè Kabassan, ancien directeur national des Sports, de tirer les ficelles pour chercher à écorner son image auprès du CNRD et lui créer des ennuis judiciaires.
Yacine Diallo