Le 30 avril, dans une adresse à la nation, le colonel Mamadi Doumbouya a dévoilé la proposition de la durée de la transition retenue par le CNRD. La transition durera 39 mois, si le Conseil national de la transition valide la proposition. Pour sortir un tel calendrier, le Chef de la junte affirme avoir écouté les propositions de la majorité des forces politiques et sociales du pays. Sa sortie fait couler encre et salives.
Outre l’incertitude autour du moment à partir duquel cette durée va commencer à courir, nombre d’acteurs la trouvent très longue et soupçonnent la junte de vouloir s’éterniser au pouvoir. C’est le cas de l’ANAD qui ne demande ni plus ni moins que 15 mois de transition. Aliou Condé, secrétaire général de l’UFDG en rajoute une couche : «L’opinion sait que ce que pense l’ANAD. Nous avons fait une proposition de 15 mois depuis fin septembre 2021. Une proposition étayée avec toutes les activités qui devraient être menées dans les moindres détails. A l’époque, la crise de confiance n’était pas née, aujourd’hui, il y a une crise de confiance. Au lieu d’un cadre de dialogue convenable à toutes les parties, on nous a servi un cadre de concertation à travers un décret et un ministre de l’Administration du territoire qui n’est pas du CNRD, comme président… Dans leurs calculs, il y a de l’incohérence, au lieu d’utiliser des moyens arithmétiques, il fallait faire une pondération pour sortir un chronogramme ». Selon lui, le CNRD aurait mieux à gagner à se rapprocher des acteurs politiques et à tout faire pour apaiser la tension qui couve depuis quelques mois : « Tout le monde connait ce qu’on appelle la diplomatie sous-terraine, il faut aller de l’avant. A partir du moment où il y a des positions opposées, qu’est-ce qui empêche le CNRD qui a le leadership de l’opération, de prendre des contacts et de discuter avec les gens ? Le Président Alpha Condé le faisait. El Hadj Cellou Dalein le rencontrait toujours après des négociations. C’est le rôle du CNRD qui est responsable de l’Etat… Pour le moment, cela n’a pas eu lieu, en tout cas à l’ANAD, nous n’avons eu aucun contact… Ce n’est pas par courrier que ce genre de problèmes se règle. On doit discuter pour essayer de trouver un terrain d’entente ou chercher un médiateur pour faire la facilitation. L’objectif, ce n’est pas l’affrontement, c’est d’avoir un programme commun auquel tous les Guinéens se reconnaissent. Cette responsabilité incombe au CNRD ».
Le secrétaire gênant de l’UFDG demande à la junte d’œuvrer pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel et d’arrêter de se cramponner sur des thématiques vagues comme la lutte contre la corruption, la récupération des biens de l’Etat : « Il y a des actes que le CNRD peut poser, il y en a d’autres qu’il ne peut pas poser. Nous avons intérêt à aller le plus rapidement possible. Mais si on veut refaire le monde, alors là, on est parti pour l’éternité… »
Yacine Diallo