Face à la grippe aviaire qui sévit dans les fermes avicoles de Coyah et de Forécariah, les acteurs de la filière sont contraints d’abattre en masse les poulets et d’établir des périmètres de sécurité. Mais l’absence de chaîne de froid complique le processus de conservation de la viande. Explications.
Depuis plus de deux semaines, les aviculteurs guinéens sont confrontés à une maladie de grippe à viaires de type H5 N1 hautement pathogène qui décime des milliers de poules dans les fermes à Coyah et à Forécariah. Le Directeur national des services vétérinaires, le Dr. Mohamed Idriss Doumbouya, évoque plus de 55. 000 volailles tuées par la maladie depuis son apparition. Un bilan confirmé par Alséyni Diallo, un des aviculteurs victimes. Les autorités annoncent faire le nécessaire pour limiter la propagation de la maladie, à travers l’abatage. D’ores et déjà, 14 933 poules ont été abattues ; 17 919 œufs détruits, dans les zones infectées, selon le Directeur national.
Un agent hautement pathogène
Malgré tout, la propagation persiste, comme le témoigne Alséyni Diallo: « La maladie continue à sévir dans la zone. Nous l’avons de nouveau signalé aux autorités qui sont revenues pour faire un 2e prélèvement. Selon les premiers résultats, il s’agit d’une maladie hautement pathogène de type H5 N1 qui peut éradiquer toute une ferme entre trois et cinq jours. Pour le moment, tout ce qu’on peut faire, c’est de prendre quelques dispositions sécuritaires avec les barrières et d’éviter les mouvements des volailles dans les zones infectées. Nous sommes dans l’attente du second résultat pour savoir à quel sérotype nous avons affaire. Cela prend un peu de temps. On continue à abattre les poulets ».
Une fois les poules abattues, se pose aussi le problème de conservation. L’absence d’une chaîne de froid contraint les avicultures à recourir à des produits à risque. « C’est bon d’utiliser les désinfectants ou de l’eau de javel pour l’hygiène, mais ce n’est pas un produit à consommer, remarque Michelle Diallo, chargé de communication de l’Association nationale des producteurs de viande de volaille. Une fois trempé dans ce produit, même les mouches ne se posent pas dessus. Nous sommes empoisonnés par les produits que nous utilisons. Cette méthode de conservation est dangereuse pour la santé. »
Contrôler l’accès aux fermes
Michelle Diallo flétrit également l’accès non contrôlé aux fermes. « C’est une situation très délicate. Le plus grand problème pour nous, c’est la biosécurité. Elle n’existe pas ou n’est pas appliquée. Des gens venus de partout rentrent dans les fermes comme ils veulent. Les barrières de sécurité ne sont pas respectées. Et la propagation entre les fermes est très rapide ».
Madina Dansoko, dont la ferme est pour le moment épargnée, l’a compris très tôt : « Pour l’instant, nous ne sommes pas impactés par cette maladie, mais nous restons néanmoins vigilants et toujours en alerte que ce soit au restaurant ou à la ferme. Chez nous, le respect des barrières sécuritaires est primordial. Nous sommes encore à l’abri et nous comptons y rester. »
La Guinée ne dispose pas de laboratoire permettant de détecter ce genre de maladie. On a annoncé une grippe aviaire, mais on ne peut avoir la certitude ou le type de pathogène avant des jours. Un retard souvent fatal. La grippe n’attend pas les résultats des échantillons envoyés en Europe », rappelle Alsény Diallo.
L’Association nationale des producteurs de viande de volaille entend se battre pour endiguer la maladie. Elle mise notamment sur la coopération marocaine qui offre des bourses de formation en technique de management et d’élevage de poulet dans les pays sous-développés.
Abdoulaye Bah